Chevrolet ne fait décidément rien comme les autres quand il s’agit de réinventer sa Corvette. Pour clore la prestigieuse Monterey Car Week, la marque américaine a levé le voile sur un concept pour le moins déjanté : la Corvette CX. Entre cockpit d’avion de chasse, aérodynamique dopée au ventilateur et mécanique délirante, on tient sans doute l’une des visions les plus radicales de ce que pourrait être la neuvième génération de la sportive la plus emblématique des États-Unis.
Une entrée dans l’ère de la science-fiction
Oubliez les traditionnelles portes papillon ou ciseaux. Ici, on grimpe à bord comme dans un F-16 : par un immense dôme vitré qui se soulève d’un bloc. Résultat : la sensation d’embarquer dans un avion militaire plutôt que dans une GT de week-end. Chevrolet a même pensé à une déclinaison racing, baptisée Corvette CX.R Vision Gran Turismo, déjà promise à un rôle virtuel dans Gran Turismo 7. Stratégie maligne : séduire une nouvelle génération d’aficionados derrière leur manette avant qu’ils n’envisagent un achat réel.
Deux interprétations mécaniques, une même folie
La Corvette CX “civile” annonce la couleur avec quatre moteurs électriques cumulant plus de 2 000 ch. Le tout alimenté par une batterie de 90 kWh. Mais le plus intrigant, c’est le recours à des ventilateurs intégrés dans la carrosserie, capables de générer un ground effect à la manière des prototypes de Formule 1 des années 70. Concrètement, l’air est aspiré sous la voiture et recraché à haute vitesse, ce qui plaque littéralement l’auto au sol. Une technologie que l’on retrouve aujourd’hui sur la McMurtry Speirling, petit missile électrique britannique, preuve que l’idée n’a rien d’une utopie.
Le concept CX.R pousse le délire encore plus loin avec un V8 2.0 litres biturbo (oui, vous avez bien lu : deux litres seulement !) capable de hurler à 15 000 tr/min et de sortir 900 ch à lui seul. Ajoutez trois moteurs électriques et une boîte robotisée à double embrayage, et vous obtenez une puissance cumulée supérieure à 2 000 ch. Voilà de quoi faire passer une Bugatti Chiron pour une GT “raisonnable”.
Un habitacle taillé pour Top Gun
À l’intérieur, on est plus proche d’un simulateur de vol que d’une voiture de série. Le volant multifonctions intègre le seul écran physique, le reste des infos étant projeté directement sur le pare-brise panoramique. Les sièges sont littéralement fusionnés dans le monocoque en carbone, façon LMP1, et l’ambiance mêle cuir rouge, Alcantara et aluminium brossé. Dans la version CX.R, le carbone domine, avec des baquets à la fois plus agressifs et plus légers. Là encore, difficile de ne pas penser aux cockpits minimalistes des prototypes d’endurance.
Une vision crédible ou simple délire marketing ?
Si l’on peut sourire devant certains excès stylistiques ou techniques, il faut bien reconnaître que Chevrolet ne joue pas totalement la carte de la fantaisie gratuite. La base mécanique du concept CX.R rappelle étrangement le récent Lamborghini Fenomeno dévoilé également à Monterey, preuve que l’hybride surpuissant n’est plus réservé aux laboratoires d’ingénieurs insomniaques.
Reste la grande question : quand verra-t-on une Corvette de série dérivée de ces expérimentations ? General Motors reste muet, mais il paraît illusoire d’espérer quoi que ce soit avant la fin de la décennie. En attendant, le message est clair : la Corvette ne veut pas seulement survivre dans l’ère électrique, elle veut s’imposer comme une référence techno-futuriste, au même titre que Tesla avec sa Roadster ou Rimac avec sa Nevera.
Alors, véritable coup d’avance ou simple feu d’artifice conceptuel ? Réponse dans quelques années. En attendant, les passionnés pourront déjà piloter la bête sur console… ce qui n’est peut-être pas plus mal pour apprivoiser ses 2000 chevaux virtuels avant d’en rêver en vrai.
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