
Chez Volkswagen, le mot « avenir » sonne comme une promesse toujours repoussée. Présenté en grande pompe fin 2024, le plan Zukunft Volkswagen devait relancer le géant allemand en rationalisant sa production et en préparant le terrain pour une Golf 100 % électrique. Sauf que la réalité industrielle est beaucoup moins brillante : retards, pannes techniques, caisses vides. Wolfsburg, le cœur battant de la marque, fonctionne au ralenti, incapable d’absorber les coûts d’une reconversion électrique qu’on annonçait pourtant inévitable.
Des objectifs qui s’éloignent
Le calendrier initial prévoyait deux jalons clairs : transférer en 2027 la production de la Golf 8 à Puebla au Mexique, puis lancer en 2029 la nouvelle génération électrique, logiquement baptisée ID. Golf. Or, Bloomberg révèle que rien ne sera prêt dans les temps : le déménagement industriel prend du retard faute de budget, et l’ID. Golf glisse vers 2030, peut-être au-delà. Résultat : la Golf thermique actuelle continuera à être produite en Allemagne bien plus longtemps que prévu, avec en toile de fond un marché européen toujours plus incertain.
Une crise de l’industrie automobile européenne
À Wolfsburg, l’ambiance est tendue. La marque allemande prévoit de supprimer 35 000 postes en Allemagne d’ici 2030. Il s’agira de départs à la retraite non remplacés.
Volkswagen n’est pas le seul à tanguer. Tout l’automobile européen vit sous pression : normes environnementales toujours plus strictes, coûts énergétiques élevés, concurrence chinoise redoutable et incertitudes réglementaires. Bruxelles promet la fin du thermique en 2035, mais dans les coulisses, beaucoup doutent de la faisabilité d’un tel couperet. Le patron de Mercedes, Ola Källenius, n’hésitait pas récemment à prévenir : « À ce rythme, l’industrie fonce dans le mur, plein gaz. » Volkswagen illustre parfaitement cette impasse : trop gros pour se réinventer vite, trop lent pour rassurer investisseurs et salariés.
Le Golf, symbole fissuré
Icône de la marque depuis 50 ans, la Golf devait être le vaisseau amiral de la transition électrique. Mais elle a laissé sa place après la e-Golf à une ID.3 qui peine à se faire un vraie place parmi les best-sellers du marché. Aujourd’hui, elle devient malgré elle le symbole d’un constructeur empêtré dans ses contradictions : annoncer l’avenir mais retarder sans cesse son arrivée. En attendant, la Golf 8 thermique continuera sa carrière jusqu’en 2035, date théorique d’un bannissement européen des moteurs essence et diesel. Ironie de l’histoire, l’auto censée incarner la rupture reste le refuge du statu quo.
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