Des millions de voitures menacées par la fin du 2G et la panne du système eCall

Ford SOS sur la Fiesta de 2015

Il y a des menaces qu’on ne voit pas venir. Et puis il y a celles qui sont annoncées depuis des années et qui, pourtant, font frémir. Le 2G, ce réseau considéré comme archaïque, a longtemps servi de colonne vertébrale aux systèmes de sécurité de nos voitures. À commencer par le fameux eCall, ce petit boîtier qui peut sauver la vie d’un conducteur après un accident grave. En Europe, et en France plus particulièrement, la coupe est presque pleine : la fin du 2G, prévue pour 2028, pourrait rendre inopérant ce dispositif vital dans des millions de véhicules.

Quand la sécurité devient une affaire de réseau

Le eCall, c’est simple en apparence : en cas de collision, il appelle automatiquement le 112, localise la voiture et alerte les secours. Simple, efficace, vital. Mais voilà : beaucoup de voitures, surtout les citadines et les modèles compacts vendus depuis 2018, dépendent encore du 2G pour transmettre cet appel. Et quand le réseau disparaîtra, il n’y aura pas de plan B. En France, comme dans une bonne partie de l’Europe, ce sont millions de véhicules qui risquent de ne plus pouvoir envoyer ce SOS automatique.

Autrement dit, un accident grave pourrait ne plus déclencher l’alerte à temps. Les temps d’intervention s’allongent. Les chances de survie diminuent. Et tout cela, pour une obsolescence technologique qui ne devrait pas coûter la vie à quiconque.

Une transition mal préparée

Le problème n’est pas technique, il est politique. Les opérateurs européens ont fixé des échéances pour éteindre le 2G, mais chacun y va à son rythme. Certains annoncent 2028, d’autres n’ont pas encore communiqué. Pendant ce temps, des voitures immatriculées hier, il y a cinq ans ou dix ans, continueront à dépendre d’un réseau condamné.

Les autorités françaises, conscientes du risque, suggèrent de ne pas pénaliser les automobilistes lors du contrôle technique si leur eCall ne fonctionne plus. Une bonne intention, mais qui ne résout pas le problème de fond : le système vital, obligatoire par la loi européenne, risque d’être hors service pour des millions de conducteurs.

Next Generation eCall : un remède à moitié efficace

Une solution arrive : le Next Generation eCall, compatible 4G et 5G, devrait équiper les voitures neuves dès 2026. Mais pour toutes celles déjà sur nos routes, la perspective est moins rose. On pourrait imaginer un maintien temporaire du 2G, un patch logiciel ou même des équipements retrofités… tout ça coûtera cher et prendra du temps. Entre-temps, les automobilistes restent exposés.

Le paradoxe est frappant : la technologie avance à toute vitesse, les voitures, elles, vieillissent lentement. Et dans ce délai, le dispositif censé protéger les conducteurs risque de devenir inutile.

En Europe, et en France, le débat est lancé. Continuer le 2G pour garantir la sécurité immédiate, ou imposer la migration vers le 4G/5G en laissant un parc existant vulnérable ? Il y a des vies derrière ce choix, et il n’est pas certain que tous les décideurs en aient pleinement conscience. Une fois de plus, l’innovation et la sécurité ne marchent pas toujours main dans la main.

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, j'en ai possédé une soixantaine et essayé plusieurs centaines, tout au long de ces 16 ans d'activité pour Actu Automobile.

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