Nissan X-Trail Nismo : le badge qui promet beaucoup, mais donne si peu

On l’attendait comme un SUV familial passé au shaker Nismo, avec du muscle et du caractère. Le résultat ? Un X-Trail maquillé, un peu raffermi, mais pas franchement transformé. La division sportive de Nissan s’est contentée d’un travail de cosmétique et de châssis, sans toucher au moteur. De quoi séduire les amateurs de look agressif, moins ceux qui espéraient une bête de route.

Une version Nismo sans puissance supplémentaire

L’annonce est tombée : le Nissan X-Trail Nismo est officiel. Mais inutile de vous précipiter chez le concessionnaire européen, il restera réservé au marché japonais. Étonnant ? Pas vraiment. Nissan préfère cantonner ce modèle à un public sensible aux éditions spéciales, là où le Kodiaq RS 2025 ou le Toyota RAV4 GR Sport jouent la carte mondiale.

Sous le capot, aucune surprise : le X-Trail Nismo conserve le même système e-4ORCE que le modèle standard, soit un 1.5 trois cylindres qui sert de générateur à deux moteurs électriques. Puissance totale : 210 ch. Suffisant pour déplacer les sept places et abattre le 0 à 100 km/h en sept secondes, mais guère plus. À titre de comparaison, le Skoda Kodiaq RS aligne 265 ch et descend le chrono d’une seconde. Ce n’est pas la mer à boire, mais cela compte dans un segment où l’appellation « sport » doit se justifier.

Alors que reste-t-il de Nismo ? Du châssis, essentiellement. Nissan a fait appel à KYB pour équiper le SUV d’amortisseurs « swing valve » censés filtrer mieux les bosses et réduire le roulis. La direction est recalibrée, la transmission intégrale envoie davantage de couple à l’arrière pour améliorer l’agilité, et les jantes de 20 pouces chaussées de Michelin Pilot Sport EV visent à contenir les masses en mouvement. Bref, un travail sérieux, mais plus orienté confort dynamique que pur plaisir de conduite.

Un design affûté

Côté style, le cahier des charges est respecté : inserts rouges sur splitter, bas de caisse et diffuseur, sièges Recaro en option, chromes assombris, feux arrière rehaussés d’un clin d’œil « motorsport ». Nissan annonce même une réduction de la portance de 29 % grâce à ces appendices. Voilà qui fera sourire les ingénieurs aérodynamiciens de Stuttgart ou d’Ingolstadt, mais passons.

Le vrai problème est ailleurs : Nismo, c’est un nom qui pèse lourd. C’est l’héritage de la Skyline GT-R, de la 370Z musclée, d’une histoire presque mythologique pour les passionnés. Difficile de ne pas voir un contresens à coller ce badge sur un SUV lourd de plus de deux tonnes, motorisé par un trois-cylindres discret et deux petits moteurs électriques. On est loin, très loin, du souffle brutal d’un Patrol Nismo V6 biturbo et de ses 495 ch.

Les puristes en colère

Le X-Trail Nismo n’est donc pas un SUV sportif, mais un SUV « sportivé ». Nuance importante. Une façon pour Nissan d’apporter un peu de piquant visuel à son grand modèle familial, sans basculer dans l’excès mécanique. Ce choix peut se comprendre dans un monde où le CO₂ et la fiscalité étranglent toute velléité de gros moteur. Mais pour les puristes, cela sonne comme une dilution de l’ADN Nismo.

Reste à voir si le marché japonais y trouvera son compte. Le reste du monde, lui, restera sur sa faim, à moins que Nissan ose un jour un vrai X-Trail survitaminé. En attendant, ce Nismo-là n’est guère plus qu’une version « GR Sport » à la sauce Nissan : plus de rouge, un châssis affûté… mais sans adrénaline mécanique.

📲 Si vous utilisez Google News (Actualités en France), vous pouvez nous suivre facilement en nous ajoutant : Actu-Automobile sur Google News.