Volkswagen n’a pas l’intention de laisser Tesla occuper seul le terrain médiatique et technologique du taxi autonome. Pendant que le Cybercab continue de faire parler de lui à coups de promesses futuristes, le groupe allemand avance plus discrètement, mais avec une méthode très… allemande. Le Gen.Urban, nouveau prototype actuellement en test à Wolfsburg, n’est pas un concept figé sous des projecteurs, mais un véhicule qui roule réellement en conditions urbaines, au milieu du trafic, des feux rouges et des imprévus du quotidien.
Un laboratoire roulant au cœur de la ville
Le choix de Wolfsburg n’a rien d’anodin. Tester un véhicule autonome dans la ville historique de Volkswagen, c’est à la fois symbolique et pratique. Le Gen.Urban parcourt aujourd’hui un itinéraire de dix kilomètres, en environ vingt minutes, entièrement en conduite autonome. Un chiffre qui peut paraître modeste, mais qui correspond déjà à un usage urbain réaliste, proche de ce que pourrait proposer un service de taxi sans chauffeur.
Contrairement à certaines démonstrations très encadrées, Volkswagen insiste sur le fait que ces essais se déroulent sur routes ouvertes. Le prototype évolue dans une circulation réelle, avec ses aléas, ses piétons imprévisibles et ses cyclistes pressés. Une approche qui rappelle les premiers tests européens de Nissan ou de Mercedes, mais avec une différence majeure : ici, il n’y a ni volant ni pédales.
Un habitacle sans conducteur, mais pas sans contrôle
Comme le Cybercab de Tesla, le Gen.Urban assume une rupture totale avec l’automobile traditionnelle. Aucun organe de conduite n’est visible. Le passager n’est plus un conducteur potentiel, mais un simple occupant. Pour l’instant, un conducteur de sécurité est tout de même présent, assis à une place passager, prêt à intervenir via un joystick en cas de besoin. Une solution transitoire, qui montre bien que la technologie avance, mais que la confiance totale n’est pas encore acquise.
L’objectif de Volkswagen dépasse toutefois la seule performance technologique. Le groupe veut observer les réactions humaines face à l’absence de conducteur. Comment se comporte un passager quand plus rien ne lui rappelle qu’il pourrait reprendre le contrôle ? Stress, détente, curiosité, méfiance ? Ces données sont presque aussi importantes que les lignes de code.
L’expérience passager au centre du projet
À bord du Gen.Urban, tout est pensé pour faire oublier la conduite. Les occupants peuvent ajuster la température, l’éclairage d’ambiance ou la position des sièges. La planche de bord se transforme en interface adaptable, mêlant informations, lumière et son. Volkswagen parle d’un environnement capable de s’ajuster aux besoins du moment, qu’il s’agisse de se détendre, de travailler ou simplement de se laisser transporter.
Ce discours sur l’expérience utilisateur n’est pas anodin. Tesla mise beaucoup sur la technologie brute et la promesse d’un futur autonome généralisé. Volkswagen, lui, insiste sur la notion de confiance. Selon le responsable de l’innovation du groupe, l’acceptation du véhicule autonome passera par une interaction rassurante et une ambiance apaisée. Une philosophie plus proche de celle de Mercedes que de l’approche parfois clivante d’Elon Musk.
Une autonomie qui avance par paliers
D’un point de vue strictement technique, le Gen.Urban s’inscrit dans une progression logique. Volkswagen maîtrise déjà depuis plusieurs années les systèmes d’assistance de niveau 2, avec régulateur adaptatif, centrage dans la voie et changements de file automatisés. Le niveau 3, qui permet au véhicule de gérer seul certaines situations, commence à apparaître sur des modèles haut de gamme du groupe, notamment chez Audi.
Le taxi autonome vise évidemment plus loin, vers une autonomie quasi complète en milieu urbain. Mais Volkswagen semble vouloir éviter les annonces trop ambitieuses. Pas de date miracle, pas de promesse d’un déploiement massif à court terme. Le Gen.Urban est présenté comme un outil d’apprentissage, destiné à nourrir l’ensemble du groupe sur le long terme.
Un duel annoncé avec Tesla… et les autres
Face au Cybercab, le Gen.Urban adopte une posture plus pragmatique. Là où Tesla communique sur une révolution imminente, Volkswagen préfère accumuler des kilomètres et des données. Le constructeur allemand sait aussi que la concurrence ne se limite plus à Tesla. Waymo, Cruise, Baidu ou même certains acteurs chinois avancent très vite sur le terrain de la mobilité autonome urbaine.
Pour Volkswagen, l’enjeu est stratégique. Le taxi autonome pourrait devenir un pilier de la mobilité dans les grandes villes européennes, à condition de convaincre les autorités, les usagers et les assureurs. Un défi autant politique que technologique.
📲 Si vous utilisez Google News (Actualités en France), vous pouvez nous suivre facilement en nous ajoutant : Actu-Automobile sur Google News.
