Nouveau Jeep Cherokee : hybride malin, mais pas pour l’Europe

On attendait un Cherokee universel, capable de jouer des coudes sur tous les marchés. Mais non : Jeep a décidé que son tout nouveau SUV resterait bien au chaud aux États-Unis. Un choix frustrant pour l’Europe, où l’on aurait bien aimé goûter à son inédit système hybride, surtout quand on voit certains concurrents qui recyclent encore les mêmes recettes sans grande imagination.

Car il faut bien le reconnaître : cette sixième génération n’est pas une simple mise à jour. Jeep a sorti l’artillerie lourde : un bloc hybride intelligent, une gueule de baroudeur qui claque, et un vrai gain en habitabilité. Bref, un Cherokee taillé pour séduire un public exigeant. Mais nous, Européens, on devra se contenter de le regarder de loin, comme un plat alléchant servi à la table d’à côté.

Une hybridation astucieuse pour l’Amérique

Sous le capot, Jeep a choisi un 1.6 turbo essence couplé à deux moteurs électriques. L’un sert de générateur et alimente une petite batterie de 1 kWh, l’autre envoie directement la puissance aux roues. Résultat : 210 ch et 311 Nm de couple, le tout avec une transmission intégrale intelligente. Sur le papier, c’est bien vu : 44 mpg (soit environ 5,3 l/100 km) et 800 km d’autonomie annoncés.

Pour un SUV américain, c’est presque frugal. Quand on compare aux blocs V6 gloutons qui peuplent encore le marché US, le nouveau Cherokee se place comme un modèle de raison. De quoi lui donner un positionnement intermédiaire entre un Toyota RAV4 Hybrid et un Honda CR-V, tout en gardant l’ADN Jeep du 4×4 familial.

Un design qui renoue avec les racines

Esthétiquement, le Cherokee 2025 se veut plus carré, plus musclé, presque militaire. Grille à sept fentes, ailes marquées, profil cubique : l’ombre du mythique Cherokee XJ des années 80 plane clairement sur ce modèle. Une référence assumée, tant l’XJ reste l’un des SUV les plus influents de l’histoire, souvent considéré comme le premier vrai SUV moderne.

À l’intérieur, Jeep n’a pas lésiné : double écran (10,25’’ + 12,3’’), habitacle plus spacieux (+30 %), coffre en hausse. La présentation reste robuste mais gagne en raffinement, avec poignées de portes affleurantes et caméras intégrées dans les rétros, histoire de donner un parfum premium face aux Hyundai Santa Fe ou Ford Edge.

Un SUV qui ne verra pas l’Europe

Alors pourquoi pas de lancement en Europe ? Tout simplement parce que Stellantis a déjà ses cartouches : Peugeot 3008 hybride, Citroën C5 Aircross, Opel Grandland. Le Cherokee viendrait marcher sur les plates-bandes de ses cousins techniques. Pourtant, son système hybride plus costaud aurait trouvé sa place face aux Toyota et aux Coréens.

Jeep préfère réserver le Cherokee à son marché domestique, tout en envoyant en Europe des modèles calibrés : le nouveau Compass en fin d’année, le Wagoneer S électrique début 2026, et le Recon 4×4 dans la foulée. Une stratégie claire : garder le Cherokee comme pilier américain et concentrer ses efforts sur l’électrique pour séduire l’UE.

Notre avis

Le Cherokee 2025 a tout pour plaire : look charismatique, hybridation bien pensée, habitabilité revue. Mais en se privant du marché européen, Jeep laisse le champ libre à Toyota et Hyundai, qui trustent déjà les ventes hybrides. Une occasion manquée ? Sans doute.

Reste à voir si ce bloc hybride maison sera recyclé ailleurs dans la galaxie Stellantis. Une Peugeot 5008 ou une Citroën C5 X avec ce moteur : voilà qui aurait du sens. En attendant, les amateurs de Jeep européens devront se consoler avec un Compass électrifié… ou rêver devant les photos d’un Cherokee qui, lui, restera américain jusqu’au bout des pneus.