Opel prêt à rebadger un SUV chinois Leapmotor : le B10 en ligne de mire

Leapmotor B10
Leapmotor B10

C’est un scénario que peu auraient imaginé il y a encore quelques années : Opel pourrait bientôt vendre une voiture chinoise sous son propre badge. Selon nos confrères allemands de Automobilwoche, la marque allemande étudie sérieusement l’idée de lancer le Leapmotor B10, un SUV électrique compact déjà commercialisé en Chine, sous pavillon Opel. Une manière pour Stellantis, sa maison mère, de tester une nouvelle voie : celle du pragmatisme industriel.

L’électrochoc du réalisme

Dans un marché électrique en pleine turbulence, les constructeurs européens se heurtent à un dilemme : comment proposer des voitures à batterie à prix décent, sans sabrer leurs marges ? Opel, qui se rêve encore généraliste mais se voit rattrapé par la concurrence chinoise, pourrait avoir trouvé une réponse avec ce B10 venu d’Hangzhou.

Derrière cette opération se cache Leapmotor International, la coentreprise fondée en 2023 entre Stellantis (51 %) et Leapmotor (49 %). Objectif : importer, et bientôt produire, des modèles chinois calibrés pour le Vieux Continent.

Le “badge engineering”, cette pratique qui consiste à coller un logo différent sur une voiture existante, n’a rien de nouveau. Mais ce serait une première pour Opel dans le monde des voitures particulières. Jusqu’ici, la marque n’avait pratiqué l’exercice que sur ses utilitaires (Combo, Vivaro, Movano) ou sur le micro-Rocks Electric.

Cette fois, il s’agirait d’un vrai crossover chinois rebadgé, sans développement maison, simplement adapté aux goûts européens. Un pas que Stellantis n’avait jamais osé franchir jusqu’ici. Et pourtant, la logique est implacable : pourquoi dépenser des milliards pour un nouveau SUV électrique, quand un modèle compétitif existe déjà ?

Leapmotor B10
Leapmotor B10

Un SUV électrique qui coche les bonnes cases

Le Leapmotor B10 a de solides arguments. 4,52 mètres de long, un moteur arrière de 160 kW (218 ch), et deux batteries de 56 ou 67 kWh selon les versions. L’autonomie grimpe jusqu’à 432 km WLTP, la recharge rapide atteint 168 kW. Rien d’extravagant, mais une fiche technique propre et honnête, taillée pour rivaliser avec un Hyundai Kona Electric ou un Renault Scenic E-Tech, pour bien moins cher, avec une autonomie toutefois bien plus mesurée que sur un Scénic ou un e-3008.

À bord, le B10 mise sur une présentation simple, bien finie, avec un grand écran central et une interface fluide. Sobre, moderne, efficace : du chinois pragmatique, sans esbroufe mais bien pensé.

Leapmotor B10
Leapmotor B10

Made in Saragosse

Surtout, le SUV pourrait être produit en Espagne dès 2026, dans l’usine de Saragosse, déjà occupée par les Opel Corsa et Citroën C3 Aircross. Ce transfert de production permettrait de contourner les droits de douane européens sur les véhicules chinois et de valoriser un outil industriel déjà amorti.

Reste la question de l’image. Le public européen est-il prêt à acheter un SUV chinois, même frappé du logo au blitz ? Peut-être. Après tout, MG a déjà ouvert la voie, et personne ne s’en offusque plus. Opel ne ferait qu’adapter la leçon. Avec, à la clé, une petite révolution silencieuse : celle d’une Europe qui n’a plus peur de s’inspirer de la Chine, voire d’en importer les recettes.

Mais dans la gamme Opel, existe-t-il vraiment une place pour un tel modèle ? Le Frontera propose en effet de l’électrique dès 23900 euros ( prime déduite ), la version rebadgée du B10 ne sera certainement pas plus abordable. Ce dernier est en revanche nettement plus puissant, avec pas moins de 100 ch supplémentaires qui peuvent faire la différence selon l’usage souhaité. Et le prix du B10 rebadgé sera certainement bien plus abordable que celui du nouveau Grandland électrique.

Alors oui, ce modèle aurait certainement sa place dans la gamme Opel. A défaut de nous vendre du rêve…

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, j'en ai possédé une soixantaine et essayé plusieurs centaines, tout au long de ces 16 ans d'activité pour Actu Automobile.

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