Smart #5 EHD : le virage inattendu du 100 % électrique au plug-in hybride

Smart #5 EHD
Smart #5 EHD

On pensait Smart irréversiblement tournée vers l’électrique, le genre de marque à ne plus jamais regarder dans le rétro. Et pourtant. En pleine torpeur estivale, la #5 EHD a fait son apparition en Chine, comme une anomalie stratégique ou un aveu pragmatique. Elle s’appelle Electric Hybrid Drive, ce qui, pour une marque intégralement électrique depuis 2019, sonne presque comme une hérésie. Et pourtant, cette déclinaison hybride rechargeable pourrait bien être la plus sensée de toute la gamme.

Smart en mode survie

La Smart #5, dévoilée récemment dans sa version 100 % électrique, se voulait une réponse premium et urbaine à la déferlante des SUV compacts. Généreuse en muscles et bardée de techno, elle portait le flambeau de la nouvelle ère Smart, sous co-tutelle de Mercedes et de Geely. Sauf que les chiffres de vente en Chine n’ont pas suivi. Le marché local, saturé de propositions électriques et refroidi par la baisse des subventions, redevient friand de compromis thermiques. Smart l’a compris un peu tard mais tente une riposte.

Et quelle riposte : un trois cylindres 1.5 turbo de 163 ch associé à un moteur électrique et, surtout, une énorme batterie de 40 kWh — soit l’équivalent de certaines citadines 100 % électriques. Résultat : 250 km annoncés en tout électrique (cycle CLTC), de quoi en faire une hybride rechargeable d’exception, du moins sur le papier. C’est plus que ce que propose une Mercedes GLC 400e (120 km WLTP) ou même une Toyota Prius PHEV (72 km), à titre de comparaison. Certes, les normes d’homologation chinoises sont plus indulgentes, mais le message est clair : il ne s’agit pas d’un bricolage technique. C’est une hybride plug-in ambitieuse.

Une Smart XXL pour l’Asie

Esthétiquement, pas de révolution. La #5 EHD conserve l’allure trapue de la version électrique, avec ses airs de mini Defender urbain croisé avec un concept car pour startupper pressé. Un second clapet fait son apparition pour le carburant, et un badge EHD signale la nouveauté. À noter que la version hybride est légèrement plus longue et haute, sans que cela change la silhouette globale. En somme, on reste sur un SUV du segment C qui semble prêt à séduire au-delà des mégapoles chinoises.

L’Europe en embuscade ?

La vraie question : cette version franchira-t-elle un jour les frontières du Vieux Continent ? Officiellement, rien n’est prévu. Officieusement, ce serait une erreur stratégique de s’en priver. Le marché européen redécouvre les vertus de l’hybride rechargeable, après avoir cru trop vite au tout-électrique. Même des marques comme Volvo ou Volkswagen freinent des quatre fers sur leur feuille de route zéro émission. Et pendant que Tesla patine sur ses volumes, les clients cherchent des solutions concrètes, pas des promesses.

Si Smart veut réellement exister sur notre marché autrement qu’à travers ses micro-modèles urbains ou sa griffe Brabus, la #5 EHD a un rôle à jouer. À condition d’en ajuster le prix, l’interface logicielle et le calibrage WLTP. Car face à une Peugeot 3008 Hybrid 195, un Renault Austral E-Tech 200 ou une BMW X1 xDrive25e, il faudra autre chose qu’un badge stylisé et un passé sympathique.

Conclusion : Smart fait marche arrière pour mieux avancer

L’arrivée de la Smart #5 EHD n’est pas une trahison de ses valeurs, c’est un retour à la réalité. Dans un monde où la transition électrique se heurte à la géopolitique, aux infrastructures et aux portefeuilles, cette hybride rechargeable dense et bien pensée pourrait incarner une nouvelle forme d’intelligence automobile. Reste à savoir si Smart osera assumer ce pragmatisme aussi en Europe. Après tout, ce serait peut-être sa meilleure idée depuis longtemps.

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, il en a déjà eu une soixantaine et essayé plusieurs centaines.

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