Lamborghini Fenomeno : l’hypercar de tous les superlatifs

Monterey, haut lieu du luxe automobile, a encore servi d’écrin à une présentation qui joue la carte du spectaculaire. Lamborghini y a dévoilé la Fenomeno, une hypercar produite à seulement vingt-neuf exemplaires. Une série si confidentielle qu’elle ne fait même plus partie du marché automobile traditionnel : elle s’adresse directement à un cercle d’ultra-collectionneurs, déjà familiers des productions rarissimes de Sant’Agata comme la Reventón, la Centenario ou la Sian. Cette fois, le constructeur italien signe un record interne : jamais une Lamborghini n’avait été aussi puissante.

1 064 chevaux… et un manifeste mécanique

Sous sa robe acérée, la Fenomeno reprend le V12 atmosphérique 6,5 litres de la Revuelto, mais lui greffe trois moteurs électriques. Un schéma déjà connu, mais ici optimisé : l’un de ces moteurs, un axial-flux développé par le britannique YASA, est intégré au-dessus de la boîte double embrayage à huit rapports ; les deux autres entraînent les roues avant. Non contents de renforcer la transmission intégrale, ils assurent aussi le couple vectoriel et… la marche arrière.

Le résultat ? Une puissance totale de 1 064 ch, soit 64 de plus que la Revuelto. De quoi faire pâlir la Ferrari SF90 XX Stradale (1 030 ch) et se hisser au niveau de l’Aston Martin Valkyrie (1 160 ch). Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 0 à 100 km/h en 2,4 s, 200 km/h atteints en 6,7 s, vitesse de pointe au-delà des 350 km/h. Des performances qui appartiennent à un monde parallèle, celui où la limite de vitesse est dictée par l’audace du conducteur, pas par le Code de la route.

Un style sans rétroviseur dans le passé

Là où le Countach ressuscité en 2021 jouait la carte de la nostalgie, la Fenomeno préfère explorer des terrains inédits. L’arrière s’allonge de 67 mm pour intégrer un spoiler de type ducktail directement moulé dans la carrosserie. Les arches-boutants, signature visuelle de la Revuelto, disparaissent au profit d’une poupe plus fluide mais hérissée de prises d’air spectaculaires.

Les designers ont aussi travaillé une architecture « double couche » : volumes supérieurs lisses, surfaces inférieures en carbone apparent. Un contraste visuel renforcé par des feux diurnes et arrière disposés verticalement – un parti pris rare chez Lamborghini. L’ensemble dégage moins de brutalité que certaines créations passées, mais gagne en cohérence aérodynamique.

Un cockpit à la carte pour milliardaires exigeants

À bord, on retrouve l’ADN de la Revuelto, mais dans une version allégée et personnalisable à l’extrême. Baquets en carbone moulé, panneaux de porte minimalistes, sellerie au choix du client : certains opteront pour des combinaisons de couleurs impossibles à croiser ailleurs, d’autres choisiront un dépouillement quasi militaire, façon voiture de course homologuée route.

Et c’est bien là que réside le paradoxe de la Fenomeno : malgré son pedigree de pistarde, il est probable que la plupart de ses exemplaires ne verront jamais un vibreur autrement qu’en vitrine privée.

La rareté comme produit d’appel

Aucune information officielle sur le prix, mais il franchira sans difficulté le seuil des trois millions d’euros, options comprises. Un tarif qui ne se justifie ni par le coût de production ni par la technologie, mais par la loi implacable du luxe : l’exclusivité fait tout. Dans ce registre, Lamborghini maîtrise l’art du teasing et de la frustration organisée.

Reste que, dans un monde automobile où les supercars électriques s’annoncent à la pelle, la Fenomeno joue une partition presque anachronique. Un V12 atmosphérique hurlant au-dessus de 9 000 tr/min, dopé par l’hybridation non pas pour économiser du carburant, mais pour pulvériser les chronos : une provocation assumée… et irrésistible.