Cupra temporise sur l’électrique : la fin du thermique n’est plus pour 2030

Cupra Terramar
Cupra Terramar

La marque espagnole Cupra, qui s’était fait remarquer par son volontarisme électrique, vient de lever le pied. L’objectif d’une gamme 100 % électrique en 2030, martelé depuis deux ans, n’est désormais plus une certitude. Officiellement, c’est la faute à Bruxelles : les tergiversations de l’Union européenne sur l’interdiction des moteurs thermiques obligent les constructeurs à réviser leur copie. En coulisses, c’est aussi la réalité d’un marché qui ne bascule pas aussi vite que prévu.

Un calendrier dicté par l’Europe

Cupra n’est pas seule dans ce cas : tous les constructeurs observent avec attention les inflexions de l’Union européenne. Si la règle des 2035 reste inscrite dans le marbre – plus aucune vente de voitures thermiques neuves, sauf si elles roulent aux e-fuels –, les signaux politiques se brouillent. Entre pressions de certains États membres, lobbying des pétroliers et inquiétudes des constructeurs, le calendrier est devenu mouvant. Cupra en profite pour ménager ses arrières.

« C’est très clair pour nous : 2035 est la vraie échéance », a reconnu Erdem Kizildere, directeur des ventes internationales. Comprenez : inutile de se précipiter, le thermique a encore quelques années devant lui.

Le Terramar, symbole d’un virage assumé

Ironie du calendrier, c’est à Melbourne, lors du lancement du Terramar – dernier SUV Cupra 100 % thermique –, que la marque a officialisé ce recul stratégique. Le modèle sera proposé avec une offre essence et hybride rechargeable, et pourrait vivre tranquillement une décennie. De quoi maintenir une clientèle pas encore prête à sauter le pas de l’électrique.

Un choix pragmatique : en Europe, la demande d’électriques plafonne, tandis que sur des marchés comme l’Australie ou l’Amérique latine, l’infrastructure reste embryonnaire. Miser sur une bascule forcée aurait été suicidaire pour une jeune marque qui cherche encore sa place face à Hyundai, Kia ou même Peugeot.

Cupra Tavascan 2024
Cupra Tavascan

L’image sportive à l’épreuve de l’électrique

Reste une difficulté : Cupra s’est construite une image de marque « challenger », sportive et jeune, qui colle mal avec les compromis. Un Formentor ou une Leon hybride font illusion, mais peuvent-ils vraiment incarner cette aura de performance que la marque revendique ? L’électrique Born, malgré son succès initial, reste un produit de niche. Quant au Tavascan, il doit encore convaincre face à une armada de SUV électriques plus établis.

La communication de Cupra joue donc sur deux tableaux : rassurer ses clients actuels attachés au thermique, tout en continuant d’agiter le drapeau de l’électrification pour séduire les investisseurs et s’aligner sur la ligne officielle du groupe Volkswagen.

Un choix révélateur pour l’ensemble du marché

Ce recul illustre surtout un malaise général. Alors que Tesla baisse ses prix pour maintenir ses volumes, les généralistes européens accumulent les stocks d’électriques invendus. Même les plus premium – Audi, BMW, Mercedes – freinent sur leurs ambitions, faute d’une demande massive. Cupra ne fait que traduire cette réalité : la transition énergétique sera plus longue, plus chaotique, et surtout plus coûteuse que prévu.

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, il en a déjà eu une soixantaine et essayé plusieurs centaines.

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