
Les constructeurs nous la servent à toutes les sauces : l’électrique serait moins cher à l’usage. Mais derrière les slogans verts et les calculs savamment présentés, la vérité est plus contrastée. Oui, l’électrique peut se montrer redoutablement compétitif… mais à condition d’avoir le bon profil, la bonne borne et, souvent, le coup de pouce de l’État. Sinon, la promesse d’économie risque de se transformer en facture salée.
L’effet TCO : promesse tenue… pour les entreprises
Les entreprises l’ont bien compris : sur le front du TCO (Coût Total de Possession), l’électrique, c’est du solide. Plusieurs analyses montrent que, malgré un loyer plus élevé, l’économie sur l’usage compense largement. Par exemple, sur une Peugeot e-3008, l’écart avec la version essence s’élève à près de 6 000 € par an, soit une baisse de 37 % du TCO, grâce à des gains sur l’énergie, l’entretien, la fiscalité et la gestion administrative. En plus, la recharge à domicile baisse de plusieurs centaines d’euros par an, les batteries s’amortissent, et les frais de fonctionnement fondent comme neige au soleil.
Le fisc y a aussi mis du sien : exonération de la TVS, bonus écologique, AEN minoré, amortissement facilité… le tout favorise une rentabilité tangible.
Bref : pour les pros, l’électrique n’est pas un gadget écolo, c’est une stratégie de rentabilité.
Pour les particuliers ? L’illusion du “moins cher”
Sur le papier, l’électrique séduit moins directement les particuliers. D’après UFC-Que Choisir, une ID.3 devient rentable au bout de 2 ans : mais pour une petite électrique comme l’e-208, il faut attendre 5 ans, et jusqu’à 8 ans pour une Tesla Model Y. La faute ? Un prix d’achat encore élevé qui grève les économies réalisées sur l’usage — 729 € de surcharge la première année pour une petite électrique, jusqu’à 1 080 € pour les formats plus grands.
Ajoutons que la France traîne des pieds côté TCO : selon le loueur Ayvens, le TCO des électriques (0,45 €/km) dépasse légèrement celui des thermiques (0,43 €/km) — une exception en Europe, où l’électrique est souvent plus compétitif. Cette hausse est liée à l’arrêt des aides et à la flambée des coûts énergétiques. Sans aides, pas d’argument économique pour beaucoup.
Recharge : miracle à domicile, gouffre sur autoroute
Loin des chiffres lisses, la vraie réalité se trouve sur la route. Recharger à domicile, c’est ultra économique : une Tesla Model Y peut se recharger pour à peine 15 € pour 500 km, contre 65 € avec un hybride essence.
Mais gare aux stations autoroutières ! L’Autorité de régulation des transports épingle des prix délirants : jusqu’à 25 € pour 100 km, équivalents ou supérieurs au coût du carburant d’une voiture essence, avec 20 % qui partent directement dans la poche des sociétés autoroutières. Un rappel que l’économie électrique dépend de l’usage, et que les trajets longue distance peuvent vite renvoyer au concret du budget.
Verdict : 2025, un tournant… mais fragile
- Pour les flottes pro, le bilan est clair : le VE, c’est de la rentabilité industrielle, pas seulement de la com verte.
- Pour les particuliers, le discours est plus trouble : rentable, mais pas immédiatement, dépendant des aides et du profil d’usage. Pas de miracle : si vous roulez peu et rechargez mal, l’addition peut vite piquer.
- Et si vous osez l’autoroute ? Oubliez les belles promesses. L’électrique peut redevenir un luxe, à un coût horaire équivalent, voire supérieur au super sans plomb.
Conclusion : l’électrique en 2025 n’est pas un mirage, mais un compromis exigeant. Un excellent choix si vous êtes bien armé — usage bien défini, accès à la recharge privée, sensibilité au long terme. Pour les autres, c’est toujours une équation à résoudre, pas une évidence.
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