La sentence semblait déjà écrite : la berline Alfa Romeo Giulia et le SUV Stelvio, tous deux produits sur la plateforme Giorgio, devaient tirer leur révérence en 2025. Mais coup de théâtre à Cassino : leur production est finalement prolongée de deux ans supplémentaires, au moins jusqu’à mi-2027. Une décision dictée autant par la nécessité industrielle que par un revirement stratégique en interne.
L’usine italienne de Cassino, où sont aussi assemblés les Maserati Grecale, devait progressivement se tourner vers la nouvelle plateforme STLA Large, dédiée aux futurs modèles électriques du groupe Stellantis. Problème : les remplaçantes de la Giulia et du Stelvio, initialement conçues comme 100 % électriques, ne sont pas prêtes. Ou plutôt, elles le sont… mais sans moteur thermique. Or, le nouveau patron de Stellantis, Antonio Filosa, arrivé cet été, a décidé de corriger la trajectoire : il veut réintroduire des versions à moteur essence dans les gammes qui peuvent encore les accueillir.
Une stratégie « verte » revue en urgence
Souvenez-vous : en 2021, Stellantis promettait une Alfa Romeo 100 % électrique dès 2027. Mais la réalité du marché a rattrapé le plan. Depuis 2023, la demande mondiale d’électriques ralentit nettement. Trop de modèles, trop chers, et pas assez de bornes : un cocktail amer pour des marques comme Alfa, qui peinent déjà à maintenir leurs ventes.
Résultat : Stellantis fait marche arrière. La priorité n’est plus d’électrifier à tout prix, mais de sauver les volumes. Et dans ce contexte, prolonger la production des actuelles Giulia et Stelvio, même vieillissantes, est un choix pragmatique. Selon les données de JATO Dynamics, les ventes de la Giulia ont chuté de 24 % sur les huit premiers mois de 2025, à seulement 2307 exemplaires en Europe, tandis que le Stelvio plongeait de 40 %, à 4749 unités. Des chiffres modestes, mais qui justifient tout de même le maintien de l’activité du site de Cassino, essentiel à la marque.
Cassino doit continuer à tourner
Lors de la présentation du Tonale restylé, le directeur général d’Alfa Romeo, Santo Ficili, a confirmé la prolongation du duo Giulia/Stelvio : « Nous devons maintenir le site de Cassino en activité et éviter un trou dans notre gamme ». Une phrase qui en dit long : chez Alfa, on préfère faire durer l’existant plutôt que de se retrouver sans offre dans le segment D.
Les remplaçantes n’arriveront donc pas avant fin 2027, voire début 2028. D’ici là, les deux modèles Giorgio continueront leur carrière avec quelques ajustements techniques et peut-être une série spéciale pour tenir jusqu’à la relève.
Alfa Romeo en quête d’un second souffle
Sortis respectivement en 2015 pour la Giulia et 2016 pour le Stelvio, ces modèles ont longtemps incarné le retour d’Alfa dans le haut du panier dynamique. Mais à presque dix ans de carrière, ils peinent à rivaliser avec les BMW Série 3, Audi Q5 et Mercedes GLC. Malgré tout, leur maintien prouve qu’Alfa Romeo n’a pas dit son dernier mot.
Cette prolongation sonne comme une respiration nécessaire avant la grande bascule. Car en 2027, la marque devra livrer une Giulia et un Stelvio nouvelle génération capables de concilier électrification, plaisir de conduite et rentabilité, un trio que même les géants allemands peinent à équilibrer.
Jusqu’ici, Alfa a souvent été victime de ses promesses non tenues. Cette fois, elle joue la montre. Et peut-être, enfin, la prudence.
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