Essai Renault Rafale Atelier Alpine : un porte-étendard qui ne fait pas semblant

Essai Renault Rafale Atelier Alpine
Essai Renault Rafale Atelier Alpine – photos : Sébastien Rabatel

Alors que Renault mène une double stratégie qui mise à la fois sur les technologies full hybride et électrique, un seul modèle de la gamme bénéficie d’une offre distincte. Ce modèle, c’est le Rafale, nouveau porte-étendard de la marque qui signe le retour au segment D. Proposé en full hybride 200 ch, le Rafale profite également d’une motorisation exclusive hybride rechargeable de 300 ch, ainsi que d’une finition Atelier Alpine spécifique. Avec mise au point dynamique par les ingénieurs Alpine, rien que ça. Le SUV Renault le plus abouti sur le papier méritait bien un essai pour le découvrir plus en détail.

Un nouveau design très séduisant

En 2024, Renault crée la surprise en dévoilant un SUV coupé nettement plus ambitieux que l’Arkana. Présenté au salon du Bourget, le Rafale s’est même offert le luxe de reprendre le patronyme du célèbre avion de chasse. Esthétiquement, cette création signée Gilles Vidal marque l’arrivée d’un nouveau style pour Renault. Son design a d’ailleurs été repris dès 2025 par les Austral et Espace, ce qui lui vole en grande partie l’exclusivité de sa face avant.

Le profil est celui d'un vrai SUV coupé
Le profil est celui d’un vrai SUV coupé

Avec une longueur de 4,71 m, le Rafale toise l’Austral d’une vingtaine de centimètres, ce qui n’est pas rien. Cela a permis d’étirer la ligne vers l’arrière, avec un profil qui présente l’allure d’un SUV coupé, concept lancé par BMW il y a bientôt 20 ans avec le premier X6. Pour Renault, ce deuxième SUV coupé est l’occasion d’explorer un nouveau segment en revenant proposer à des acheteurs de marques premium un modèle inédit plus valorisant que les anciennes Latitude, Vel Satis et j’en passe. Le résultat est d’ailleurs payant : sur les 10 premiers mois de 2025, le Rafale se classe à la 51 ème place des 100 meilleures ventes. Pas mal pour un SUV coupé qui débute sa gamme à 46500 euros !

Lignes tendues, plis de caisse savamment placés, bas de caisse noir laqué : le Rafale ne commet aucune fausse note.

Les jantes alliage sont spécifiques à cette version Atelier Alpine
Les jantes alliage 21″ sont spécifiques à cette version Atelier Alpine

La version Atelier Alpine se distingue par des badges spécifiques sur les ailes avant, des jantes alliage d’un diamètre supérieur, ( jantes 21″ Chicane ) et aussi des teintes spécifiques comme ce bleu mat. Le bleu sommet satin accompagné du toit noir est facturé 2200 euros. Chez les marques premium, ce serait bien davantage !

De l’espace et une ambiance Alpine

Pas de surprise à bord du Rafale pour ceux qui connaissent déjà l’Austral : le Rafale lui emprunte sa planche de bord avec la disposition en L des écrans. Mais le raffinement est revu à la hausse : à l’image par exemple de l’insert décoratif placé face au passager avant, qui fait appel à de l’ardoise. Un matériau inédit dans une voiture, et qu’on ne retrouve que dans le Rafale.

La planche de bord est identique à celle de l'Austral mais présente certains habillages inédits
La planche de bord est identique à celle de l’Austral mais présente certains habillages inédits

La présentation est proche de la version Esprit Alpine avec la même sellerie mixte Alcantara avec surpiqûres bleues et logo Alpine lumineux. Les sièges avant sont très enveloppants, et procurent un maintien appréciable. Au toucher, le revêtement est très agréable. La fonction chauffage est présente, en revanche en été nous n’aurions pas été contre une fonction rafraichissement. Celle-ci n’est pas proposée, y compris en option. Renault a par contre installé un système massant pour le conducteur, avec un niveau d’intensité et d’amplitude réglable sur l’écran central. Pas de massage façon pattes de chat, mais plutôt la sensation d’un rouleau qui se déplace dans le dos. La détente n’est pas toujours au rendez-vous.

Avouez que les moquettes bleues se marient parfaitement avec la teinte extérieure
Avouez que les moquettes bleues se marient parfaitement avec la teinte extérieure

Petit détail appréciable et rare dans la production automobile : des moquettes bleues, parfaitement accordées à la teinte de caisse de ce modèle d’essai. Un coloris repris par les surtapis, dans une nuance plus sombre. Les détails soignés ne manquent pas, comme les ceintures de sécurité qui présentent aussi des liserés bleu.

Nous avons pu aussi découvrir lors de cet essai le fonctionnement du fameux toit opacifiant Solarbay. Plus besoin de velum électrique : le toit est traité anti-UV, et la fonction opacifiante permet de ne plus voir à l’extérieur si besoin, avec un pilotage par « lamelles ».

Autre option appréciable : le système hifi Harmann Kardon, comme chez BMW, avec ici 12 haut-parleurs pour une puissance de 485W. Une option facturée 1000 euros, qui devrait ravir les mélomanes, même si on a déjà testé des systèmes hifi au rendu supérieur ( mais aussi bien plus chers ).

Aux places arrière, Renault propose un bel espace aux jambes, nettement supérieur à celui des SUV compacts de la marque. Clairement, le Rafale appartient bien à la catégorie D et ne fait pas les choses à moitié en habitabilité. L’empattement est supérieur de 8 cm à celui d’un Austral, des centimètres que l’on retrouve bien à l’arrière…

Les places arrière du Rafale sont très accueillantes
Les places arrière du Rafale sont très accueillantes

Les passagers latéraux peuvent aussi déployer l’accoudoir central en l’absence d’un troisième passager.

Côté confort, ce SUV est donc pourvu d’une suspension pilotée, un équipement qui n’est pas proposé sur les autres modèles Renault. En fait-il pour autant un tapis volant ? La réponse est non. En réglant le MultiSense sur confort, sur des chaussées dégradées ou tout simplement irrégulières, comme par exemple des rues pavées, vous aurez la sensation d’être relativement balloté, comme avec une suspension classique. La faute au poids ? En revanche l’amortissement gomme bien l’effet tape-cul des jantes 21″.

On termine ce chapitre vie à bord avec le coffre, dont l’ouverture est facilitée par une assistance motorisée. Sur un tel véhicule, on n’en attendait pas moins. Avec 547 litres, le volume du coffre est digne du gabarit du véhicule.

Le logo rétroéclairé des sièges avant
Le logo rétroéclairé des sièges avant

A conduire : des chronos de GTI, et 4 roues directrices

Quand les Austral et Espace doivent composer pour leur meilleure offre avec une motorisation full hybrid de 200 ch, le Rafale propose également au catalogue une motorisation hybride rechargeable de 300 ch. Celle-ci permet à la fois de disposer d’une transmission intégrale, et aussi d’une autonomie électrique de 105 km.

Cette motorisation baptisée « Hyper hybrid E-TECH » 4X4 300 ch, est donc unique chez Renault qui avait arrêté rapidement de proposer la technologie PHEV sur le Captur. Ici cette technologie se justifie par sa puissance supplémentaire, et sa motricité supérieure.

Malgré une puissance de 300 ch cumulée, on retrouve un petit 3 cylindres sous le capot
Malgré une puissance de 300 ch cumulée, on retrouve un petit 3 cylindres sous le capot

Par rapport à la version E-TECH 200 ch, plusieurs différences notables sont à expliquer. Tout d’abord le moteur essence présent à l’avant, le 3 cylindres de 1,2 L de cylindrée, développe ici 150 ch au lieu de 130 ch sur la motorisation HEV. Le couple passe aussi de 205 Nm à 230 Nm.

Les ingénieurs Renault ont ensuite associé un total de pas moins de trois moteurs électriques. Le plus petit de 34 ch est secondaire, et notamment pour assurer les fonctions Start Stop et toutes les fonctions de démarrage, comme ce qu’on peut trouver sur un moteur MHEV. Ensuite, un moteur électrique sur l’essieu avant développe 50 ch et 205 Nm. Le moteur sur l’essieu arrière est plus conséquent, avec 136 ch, et 195 Nm.

Avec une puissance cumulée de 300 ch, le Rafale E-Tech 4×4 300 ch peut accélérer de 0 à 100 km/h en 6,4 s, contre 8,9 s pour la version de 200 ch. Un temps digne d’une petite GTI, puisque le Rafale met sur cet exercice deux dixièmes de secondes de moins que la Clio R.S Trophy 220 ch. Il fait aussi jeu égal avec une sportive électrique siglée Alpine ( lire notre essai de l’Alpine A290 GTS ).

Le Renault Rafale révèle son potentiel dynamique sur route
Le Renault Rafale révèle rapidement son potentiel dynamique à son conducteur

En ville, le Rafale peut donc évoluer en électrique, y compris quand la batterie rechargeable n’indique plus d’autonomie électrique. La douceur est donc de mise. Et malgré un gabarit imposant, le Rafale est très agréable à manier avec un diamètre de braquage raisonnable, facilité par la présence des roues arrière directionnelles.

Sur route, l’agrément est excellent. Châssis 4Control, suspension pilotée, motricité aux quatre roues : cette configuration du Rafale ne se refuse rien. Le comportement routier est réussi, et les relances sont vigoureuses. Le chiffre est éloquent : il suffit de 4 s pour passer de 80 à 120 km/h. Les ingénieurs Alpine ont donc réussi à rendre ce SUV imposant très plaisant à conduire, avec un comportement routier très affûté. Si on voulait pinailler, on pourrait demander une direction plus ferme, y compris en mode Sport. Le Rafale Atelier Alpine parvient à faire oublier son poids de près de deux tonnes, et conjugue ainsi un haut niveau de performances avec une précision de conduite exemplaire. Il y a fort à parier en revanche que les gommes Michelin en 245/40 R21 ne passeront pas les 30000 km. Sauf pour ceux qui roulent presque exclusivement sur autoroute…Et ce sera aussi le cas des pneus arrière, dont l’usure sera renforcée par le châssis 4Control.

Sur autoroute, la motorisation full hybride révèle ses lacunes. C’est ici que la consommation aura tendance à s’envoler : près de 8 L/100 km lorsque la batterie est vide, avec une voiture à moitié chargée, et un régulateur calé à 135 km/h. En revanche on n’aura évidemment pas à se plaindre des relances, comme on a pu le noter juste au-dessus.

La batterie généreuse permettra de rouler en électrique au quotidien
La batterie généreuse permettra de rouler en électrique au quotidien

Si Renault annonce une consommation mixte de 5,8 L batterie déchargée, nous avons relevé une moyenne de 6,5 L sur un essai où les deux tiers de l’essai se sont déroulés sur autoroute. Le chiffre avancé semble donc jouable, sur des parcours mixtes qui favorisent davantage les départementales plafonnées à 80 km/h.

Batterie chargée, l’autonomie de départ indiquait 100 km sur le vaste écran de l’instrumentation face au conducteur. Celle-ci est généreuse, du fait d’une batterie de 22 kWh. Quand le plein d’essence et de la batterie sont faits, l’autonomie totale était ainsi annoncée à 800 km ! Une autonomie proche de celle d’un SUV diesel, une offre qui a disparu du catalogue Renault….

L'arrière très profilé du Rafale
L’arrière très profilé du Rafale

Un tarif conséquent mais pas premium

Quand le Rafale Techno E-TECH 200 ch attaque à 46500 euros, cette version Atelier Alpine E-TECH 300 ch est désormais à 60000 euros suite à une hausse de tarif de 500 euros. A 60000 euros, vous pouvez ajouter quelques options pour bénéficier de la configuration de ce modèle d’essai. Cette configuration culmine ainsi à 65000 euros.

Ceux qui veulent économiser un peu peuvent s’orienter vers un Rafale Atelier Alpine E-TECH 300, vendu 55500 euros, soit 4500 euros de moins.

La face avant est désormais proche de celle des Austral et Espace
La face avant est désormais proche de celle des Austral et Espace

Bon point pour les frais de mise en service, puisque le Rafale E-Tech 4×4 300 ch sera dispensé de malus écologique du fait de la technologie PHEV associée à une autonomie élevée. Mais côté malus au poids, la France a été là aussi inventive…Voilà qui concourt sans aucun doute à faire baisser les ventes de voitures hybrides rechargeables depuis le début de l’année 2025. Il faudra donc compter ici sur un malus au poids qui dépasse les 2000 euros.

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, j'en ai possédé une soixantaine et essayé plusieurs centaines, tout au long de ces 16 ans d'activité pour Actu Automobile.

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