Permis de conduire : les auto-écoles en mode survie

Permis de conduire : les auto-écoles en mode survie, l’État les regarde caler
Permis de conduire : les auto-écoles en mode survie – image : bobtheskater

C’est un cri de détresse. Une alerte rouge fluo à l’aube des grands départs estivaux. MOBILIANS, UNIDEC, UNIC — les trois principales fédérations du secteur de l’apprentissage de la conduite — montent au créneau. Et pas pour demander un petit coup de pouce. Cette fois, c’est la survie même du système qu’elles remettent sur la table. Car sans réaction rapide de l’État, le permis de conduire est en train de devenir un luxe inaccessible. Et ce, pour des centaines de milliers de jeunes.

Un système en PLS… sans airbag

Le problème ? Un gouffre béant entre le nombre de candidats et le nombre de places d’examen. En 2024, 1,57 million de créneaux ont été ouverts. En 2025, il en faudrait au bas mot 2,2 millions. Le compte n’y est pas, loin s’en faut. Résultat : des délais d’attente qui explosent, des jeunes qui patientent des mois avant même d’espérer décrocher une date, des heures de conduite supplémentaires qui s’accumulent, et des coûts qui grimpent en flèche. Jusqu’à 60 heures de leçons dans certains départements avant de pouvoir simplement… tenter sa chance.

L’apprentissage au rabais, les inégalités en prime

Le permis est devenu une loterie territoriale. À Paris, Lyon ou Lille, c’est la galère ; ailleurs, parfois, un peu moins. Une injustice de plus dans un système censé garantir l’égalité d’accès à la mobilité. Mais quand on apprend qu’un élève en région parisienne doit parfois doubler son budget de formation juste pour avoir une date d’examen, on comprend vite que le fossé se creuse. D’autant que les abandons se multiplient. Pire : certains prennent la route sans permis. Par résignation. Par nécessité. Et dans l’indifférence générale.

Des solutions sur la table, une administration qui baille

Le plus rageant dans l’affaire ? Ce n’est pas une fatalité. Les professionnels ont bossé. Longtemps. Sérieusement. Ils ont proposé des mesures concrètes : rehausser le nombre minimal d’heures avant l’examen, réformer les épreuves moto, revoir les critères d’évaluation trop rigides, anticiper l’apprentissage dès 16 ans, créer une attestation temporaire de conduite. Des leviers simples, immédiats, qui ne coûtent pas un centime de plus à l’État. Mais depuis un an, silence radio. Ni feu vert, ni même clignotant.

Sans permis, pas de boulot. Et sans inspecteurs, pas de permis

Derrière la pénurie, une cause structurelle : trop peu d’inspecteurs. Les syndicats demandent à ce que les journées d’examen soient portées à 11 par mois, au lieu des 6 ridicules pratiquées dans les départements les plus sinistrés. Il est aussi question de recruter des examinateurs contractuels, comme cela se fait déjà dans d’autres pays européens. Bref, de sortir de cette logique de rationnement absurde qui bride toute une génération.

Vers un bras de fer à la rentrée

Les professionnels ne veulent plus attendre. Ils demandent à rencontrer le nouveau ministre des Transports, François-Noël Buffet. Vite. Faute de réponse, ils annoncent un mouvement de contestation national dès la rentrée. Paris pourrait bien être le théâtre d’un soulèvement silencieux mais déterminé, porté par les enseignants de la conduite, les élèves et leurs familles.

Parce que derrière cette “crise du permis”, c’est une crise de la mobilité, de l’emploi, de la confiance en l’avenir qui se joue. Et à ce jeu-là, il n’y aura pas de seconde tentative.

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, il en a déjà eu une soixantaine et essayé plusieurs centaines.

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