Hyundai Ioniq 6 N : la sportive électrique est bannie en France

Elle s’élance, profil fuyant, aileron dans le vent, 641 chevaux sous le capot… et pourtant, elle ne mettra jamais les roues sur nos routes. Présentée en grande pompe au Festival of Speed de Goodwood, la Hyundai Ioniq 6 N impressionne, secoue les idées reçues sur les électriques sportives, et affirme haut et fort que la Corée du Sud n’a plus besoin de complexes face à l’Allemagne. Seulement voilà : ce missile sol-sol à la sauce N ne sera pas commercialisé en France. Une frustration d’autant plus grande que la bête a tout pour dynamiter le segment des berlines sportives. Même celui de la sacro-sainte BMW M3.

Une gueule de sprinteuse, une âme de pistarde

Inspirée par la version restylée de l’Ioniq 6, cette déclinaison N n’a plus grand-chose à voir avec la paisible familiale électrique dont elle dérive. Plus basse, plus large de 60 mm, campée sur des jantes de 20 pouces chaussées de pneus Pirelli P-Zero spécifiques, elle joue la carte de l’agressivité assumée. Le bouclier avant creusé jusqu’à l’os, les ailes bodybuildées, la double lame arrière et la signature lumineuse pixelisée offrent une panoplie complète de super-sportive. On est bien loin de l’aérodynamisme sage de la version standard.

Mais au-delà du look, c’est surtout la fiche technique qui interpelle. Deux moteurs électriques pour 641 ch et 779 Nm de couple, un 0 à 100 km/h abattu en 3,2 secondes, une vitesse maxi limitée à 257 km/h, et un châssis affûté comme un scalpel avec amortissement semi-actif, train arrière repensé, suspensions durcies et centre de gravité abaissé. Cette Ioniq 6 N a été pensée pour le circuit. Littéralement.

Une électrique qui veut faire oublier l’électrique

Ce qui frappe, c’est l’approche quasi subversive de Hyundai. Là où Tesla mise sur la brutalité, où Porsche peaufine la précision, Hyundai fait… du bruit. Ou plutôt, simule du bruit. Grâce à son système Active Sound +, trois modes sonores (Ignition, Evolution et Lightspeed) viennent habiller chaque accélération d’une ambiance sonore, certes artificielle, mais travaillée pour flatter l’oreille du pilote nostalgique.

Ajoutez à cela le N Drift Optimiser pour ceux qui aiment glisser du popotin, un N Grin Boost pour lâcher la cavalerie pendant 10 secondes via un bouton rouge sur le volant, et même un N Track Manager pour rejouer ses tours de circuit comme dans Gran Turismo. Hyundai transforme l’auto en simulateur sur roues, mais sans la froideur des autres.

L’intérieur reste dans l’esprit Ioniq : double écran, menus N dédiés, sièges baquets avec logos lumineux… mais pas de fioritures. C’est propre, net, efficace. Et le système de recharge en 800V permet de retrouver 80 % d’autonomie en seulement 18 minutes, malgré une batterie de 84 kWh. L’autonomie reste limitée à environ 470 km, mais ce n’est pas ici le sujet.

M3, Taycan et Model 3 Performance dans le viseur

Dans l’absolu, cette Hyundai coche toutes les cases pour rivaliser avec les meilleures : plus puissante que la BMW M3 CS, plus radicale qu’une Tesla Model 3 Performance, plus joueuse qu’une Porsche Taycan 4S. Et pourtant, contrairement à ses rivales, elle ne viendra pas séduire les conducteurs français. Aucune homologation n’est prévue dans l’Hexagone, ni à court ni à moyen terme. Officiellement, Hyundai France évoque des volumes trop faibles pour justifier la commercialisation.

Dommage. Car cette Ioniq 6 N aurait pu apporter une bouffée d’air frais dans un segment parfois trop sérieux, trop codifié. Elle démontre qu’une électrique peut être à la fois performante, fun et expressive, sans forcément verser dans l’austérité technologique ou l’obsession du 0 g/km.

Alors, non, vous ne verrez pas cette Ioniq 6 N débouler sur les routes de campagne françaises ou prendre la corde à Magny-Cours. Mais sachez qu’elle existe. Et qu’elle hurle son ADN sportif à grands coups de watts, de grip et de virages négociés à la limite. Elle est la preuve qu’une électrique peut être autrement plus jouissive qu’un simple outil de mobilité. Mais pour ça, il faudra traverser la Manche… ou se contenter de la regarder courir à Goodwood.

En attendant, il nous reste tout de même au catalogue la Ioniq 5 N, déjà très sympathique.