Mercedes et BMW : vers une alliance de raison autour du quatre-cylindres

Le 4 cylindres BMW bientôt sous des capots Mercedes ?
Le 4 cylindres BMW bientôt sous des capots Mercedes ?

Pendant des décennies, Mercedes-Benz et BMW se sont livrés une guerre féroce, chacun revendiquant sa supériorité technique et son aura de marque premium. Et voilà qu’en 2025, un vent inattendu souffle sur Munich et Stuttgart : Mercedes pourrait aller chercher chez son rival munichois… des moteurs. Une hypothèse qui, il y a encore dix ans, aurait semblé blasphématoire.

Pourquoi Mercedes lorgne chez BMW ?

La réponse tient en deux mots : Euro 7. La nouvelle norme européenne d’émissions, beaucoup plus stricte, met les constructeurs sous pression. Mercedes, qui a concentré une bonne partie de ses ressources sur l’électrique, se retrouve avec un portefeuille thermique qui peine à suivre. Sa nouvelle mécanique maison, le 1.5 M252 inauguré dans la CLA 2026, fonctionne bien en hybride léger mais manque de polyvalence pour alimenter des PHEV (plug-in) crédibles.

En face, BMW dispose d’un bloc qui a fait ses preuves : le B48, un 2.0 turbo quatre-cylindres utilisé dans les Série 1, 3, X1, X3, Mini Cooper S, et bien d’autres encore. Robuste, adaptable en traction comme en propulsion, et surtout déjà parfaitement intégré à des systèmes hybrides rechargeables, il apparaît comme une solution clé en main pour Mercedes.

Une logique économique avant tout

Le partenariat n’a rien de romantique. Il s’agit avant tout de réduire les coûts de développement, dans un contexte où l’argent coule à flot vers l’électrification, laissant peu de marges pour retravailler des blocs thermiques dont la durée de vie sera limitée. Autocar évoque des discussions “à haut niveau de planification et de négociation”, avec une annonce possible d’ici la fin de l’année.

La production, elle, resterait dans un premier temps localisée à Steyr, en Autriche, là où BMW assemble déjà ses quatre-cylindres. Mais l’idée d’un transfert partiel aux États-Unis, pour éviter les nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump, serait également sur la table.

Pas si inédit que ça

Que deux marques concurrentes s’échangent des organes mécaniques peut surprendre, mais ce n’est pas une première.

  • Land Rover, par exemple, utilise déjà le V8 biturbo 4.4 signé BMW sous le capot des Range Rover Sport SV et Defender Octa.
  • La Toyota Supra actuelle ? C’est un Z4 rebadgé, avec un six-cylindres en ligne allemand sous le capot.
  • Quant à Mercedes, elle n’est pas étrangère aux alliances : son 1.3 turbo partagé avec Renault-Nissan anime aujourd’hui une bonne partie de ses modèles d’entrée de gamme, du GLA à la Classe A.

Bref, dans l’industrie, les “purismes” mécaniques se diluent depuis longtemps. Mais voir BMW fournir un cœur mécanique à Mercedes, c’est une autre histoire : une sorte de mariage de raison entre deux rivaux centenaires.

Une question d’image

C’est sans doute là que se situe le vrai défi. Car pour un client Mercedes, admettre que sa future Classe C hybride roule avec un moteur “BMW inside” pourrait grincer un peu. De même, pour BMW, accepter de vendre son savoir-faire thermique à l’éternel concurrent comporte un risque : banaliser une technologie qui contribue à son image de “constructeur d’ingénieurs”.

Pour Mercedes, l’alternative serait d’investir massivement dans de nouveaux blocs essence, mais avec la perspective de l’interdiction des ventes thermiques en 2035, l’équation ne tient pas. Alors, mieux vaut partager l’addition.

Une nouvelle ère ?

Si l’accord se confirme, il marquera une rupture symbolique dans l’histoire de l’automobile allemande. Les frontières entre marques, autrefois si nettes, deviennent de plus en plus poreuses. Après tout, si les SUV coupés, les plateformes électriques et les aides à la conduite finissent par se ressembler, pourquoi pas les moteurs ?

L’avenir dira si Mercedes et BMW sauront transformer ce mariage forcé en une coopération durable, ou si ce sera un simple épisode de transition, le temps que l’électrique prenne définitivement le dessus. Mais une chose est sûre : les vieilles querelles de clocher ne pèsent plus très lourd face aux réalités économiques et réglementaires.

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Arnaud Martin

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