La Cupra Born n’a que quelques années derrière elle, mais elle vit déjà à l’heure des grands ajustements. Dans l’univers de l’électrique, trois ans suffisent désormais pour passer du statut de nouveauté désirable à celui de modèle rattrapé ou dépassé par la concurrence. Lancée en 2021 comme une alternative plus nerveuse et plus expressive à la Volkswagen ID.3, la compacte espagnole se retrouve aujourd’hui sous pression. D’où ce restylage imminent, aperçu en essais, qui en dit long sur la fébrilité actuelle du segment. ( lire notre essai de la Cupra Born )
Sur le marché français, la compacte espagnole se classe 79 ème des ventes, avec 4461 exemplaires immatriculés entre janvier et fin novembre 2025. L’ID.3 fait nettement mieux, avec 7530 immatriculations.
Une mue esthétique dictée par l’urgence
Premier constat, Cupra ne se contente pas de retoucher deux détails. La Born adoptera le nouveau langage stylistique de la marque, largement inspiré par la future Raval. Les projecteurs vont donc abandonner leur dessin un peu sage pour une signature lumineuse triangulaire, devenue le nouveau marqueur visuel de Cupra. On l’a déjà vue sur le Formentor restylé, le Terramar ou encore le Tavascan. La Born rentre dans le rang, au risque de perdre un peu de son identité initiale, mais avec un objectif clair : paraître plus moderne que ses rivales directes , tout en s’intégrant au mieux à la gamme Cupra.
Le bouclier avant évoluera également, avec des prises d’air redessinées et un capot retravaillé. Officiellement, il est question d’aérodynamique et d’efficience. Officieusement, il s’agit surtout de donner le sentiment d’un vrai renouvellement, indispensable face à des modèles plus récents.
À l’arrière, Cupra pousse encore plus loin la démonstration. Le bandeau lumineux deviendrait tridimensionnel, le logo s’illuminera et les motifs triangulaires s’inviteront jusque dans les feux. L’ensemble sera plus spectaculaire, là où la Volkswagen ID.3 restylée en 2024 avait choisi une approche beaucoup plus consensuelle. Deux visions d’une même base technique, mais deux stratégies radicalement opposées. Mais l’ID.3 a également un deuxième restyling en approche, étant donné que sa remplaçante attendue, l’ID.Golf, prendra du retard avec une arrivée au-delà de 2030 !
Une technique éprouvée, mais sans révolution
Sous la carrosserie, en revanche, la prudence domine. La Cupra Born repose toujours sur la plateforme MEB du groupe Volkswagen, qui a certes évolué, mais sans bouleversement majeur. La gamme actuelle donne une bonne indication de ce qui attend les futurs acheteurs. La version d’accès avec batterie de 59 kWh affiche jusqu’à 425 kilomètres d’autonomie WLTP, tandis que la déclinaison 79 kWh grimpe autour de 560 kilomètres. La Born VZ, forte de plus de 320 chevaux et d’une autonomie annoncée jusqu’à 590 kilomètres, reste la vitrine sportive de la gamme, sans pour autant représenter le cœur des ventes.
Cupra semble avoir fait le choix de la continuité. Pas de modification de l’architecture, toujours un moteur arrière et une batterie logée sous le plancher. Une décision compréhensible, alors que le groupe prépare une refonte bien plus profonde de l’ID.3 pour 2026. La Born restylée arrivera donc avant, avec des évolutions mesurées, histoire de rester visible sans cannibaliser les futurs modèles.
L’intérieur, terrain miné du restylage
C’est peut-être à bord que Cupra joue le plus gros. La Born a souvent été critiquée pour son ergonomie très numérique, héritée des choix discutables de Volkswagen ces dernières années. Commandes tactiles peu intuitives, sliders imprécis, menus complexes. Depuis, le groupe a commencé à revenir vers davantage de boutons physiques sur certains modèles récents. Reste à savoir si cette prise de conscience s’appliquera aussi à Cupra, ou si la marque continuera de privilégier le style au détriment de l’usage quotidien.
Les évolutions attendues devraient surtout concerner les interfaces numériques et la qualité perçue, sans refonte complète. Un choix prudent, mais qui pourrait frustrer une clientèle désormais plus exigeante, surtout face à des concurrents qui ont su simplifier l’expérience à bord.
Conclusion
Ce restylage de la Cupra Born n’est ni spectaculaire ni anodin. Il reflète surtout la brutalité du marché électrique actuel, où l’innovation visuelle et technologique ne tolère aucun retard. Cupra ajuste son pion, affine son discours stylistique et gagne du temps. Reste à savoir si cela suffira à maintenir la Born dans la course, ou si ce lifting ne fera que repousser l’échéance d’un remplacement devenu inévitable. D’autant plus que chez Cupra, la petite Raval devrait logiquement attirer de nombreux acheteurs, au risque de cannibaliser la Born…
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