Chez Skoda, on ne manque pas d’idées pour dépoussiérer l’image du SUV électrique. En pleine période de rationalisation dans le sport automobile, la marque tchèque surprend avec un prototype radical basé sur son Enyaq RS : le RS R, un concept taillé pour les pistes de rallye. Un choix audacieux à contre-courant, mais pas sans logique.
Un laboratoire roulant plus qu’un concept-car
Plutôt qu’un simple coup de com’, le Skoda Enyaq RS R a été imaginé comme un banc d’essai à grande échelle. Inspiré par la Fabia RS Rally2 engagée en championnat WRC2, ce SUV d’apparence familière se transforme ici en véhicule de compétition, destiné à tester de nouvelles solutions techniques, notamment autour des matériaux durables.
Le travail de transformation est conséquent. Lourd à l’origine (2,2 tonnes), le SUV passe à 1,9 tonne grâce à une cure d’allègement de 316 kg. La recette ? Des composants réalisés non pas en fibre de carbone, mais en fibre de lin – plus écologique et presque aussi rigide. Capot, pare-chocs, entrées d’air : seize pièces sont concernées, une démarche innovante qui pourrait préfigurer les matériaux de demain sur les modèles de série.
Une vraie voiture de course, ou presque
Visuellement, l’Enyaq RS R n’a plus grand-chose à voir avec la version de série. Le châssis a été rabaissé de 70 mm, les voies élargies (+116 mm à l’arrière), et l’assise générale donne une posture bien plus dynamique. On est clairement dans l’univers du circuit.
Sous la carrosserie, l’évolution continue : arceau de sécurité, cache de protection pour les batteries, suspension sport réglable, amortisseurs optimisés, et surtout, un système de freinage en carbone-céramique surpuissant – dix pistons à l’avant, quatre à l’arrière. Skoda va même jusqu’à intégrer un frein à main hydraulique, clin d’œil direct à l’univers du rallye.
Des performances en demi-teinte ?
Si le look et la fiche technique impressionnent, les performances laissent un petit goût d’inachevé. Le groupe motopropulseur est inchangé par rapport à l’Enyaq RS de série : 250 kW soit 340 ch, ce qui permet d’abattre le 0 à 100 km/h en 4,6 secondes. La vitesse maximale plafonne à 180 km/h, ce qui reste un peu faible pour une voiture aussi retravaillée. Skoda a volontairement conservé la chaîne de traction d’origine, probablement pour mieux évaluer l’impact des autres évolutions techniques.
Un SUV de course pas si isolé
Skoda n’est pas seule dans cette voie. Jaguar s’y était déjà essayé avec le I-Pace eTrophy, et Opel vient de dévoiler un Mokka GSe Rally concept. Le SUV électrique de course n’est plus une simple curiosité, mais devient un terrain de jeu crédible pour les ingénieurs. Le RS R s’inscrit donc dans une tendance de fond, à la croisée des chemins entre innovation technologique et communication dynamique.
Avec le RS R, Skoda montre sa volonté d’innover autrement. Le message est clair : l’électrique ne rime pas forcément avec ennui. Même si ce modèle ne verra jamais les routes ouvertes, certaines de ses idées comme l’usage de matériaux biosourcés ou l’optimisation du châssis pourraient bien se retrouver dans les prochains modèles de la marque.
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