Ce n’est sans doute pas l’un des principaux freins du passage au tout électrique, et pourtant, cela a de quoi interpeller les automobilistes. Les voitures électriques sont confrontées à une décote bien supérieure à celle des voitures thermiques, et cela a été confirmé par une nouvelle étude.
Cette étude menée par AAA Data pour AVERE France Mobilians effectuée au premier trimestre 2025 compare la perte de valeur entre trois modèles électriques et trois modèles thermiques de grande diffusion. Le constat est sans appel.
Un constat sans appel : l’électrique perd davantage de valeur
L’étude se base sur trois modèles généralistes électriques et des équivalents thermiques : la Renault Twingo, la Nissan Leaf (face au Nissan Juke) et la Tesla Model 3 (comparée à la BMW Série 3). Dans chacun des cas, la version électrique subit une dépréciation plus marquée, parfois de façon spectaculaire.
- Renault Twingo : la version électrique perd 48 % de sa valeur en moyenne, contre seulement 26 % pour sa cousine essence. Pourtant, la citadine électrique affiche un kilométrage plus élevé (près de 20 000 km), ce qui pourrait expliquer en partie cette chute brutale. Mais cela soulève aussi une autre question : la Twingo E-Tech est-elle utilisée plus intensément en milieu urbain, au prix d’une usure accélérée ?
- Nissan Leaf vs Juke : ici, l’écart est plus mesuré, avec une perte de 37 % pour la Leaf contre 30 % pour le Juke. La Leaf a toutefois parcouru moins de kilomètres en moyenne, ce qui montre que même un usage modéré ne suffit pas à contenir la dépréciation. Cela peut s’expliquer par une perception de désuétude technologique plus rapide sur les électriques compactes.
- Tesla Model 3 vs BMW Série 3 : sans surprise, les routières affichent des kilométrages plus importants. La Model 3 perd 35 %, contre 19 % pour la Série 3, avec un kilométrage inférieur pour la Tesla. Cela peut étonner tant la Model 3 est réputée pour son autonomie, sa connectivité et ses performances. Mais cette perte de valeur rapide suggère que le marché reste frileux face aux incertitudes liées à la batterie ou à l’évolution rapide du logiciel embarqué.
Pourquoi une telle décote ?
Plusieurs facteurs expliquent cette dépréciation accélérée des véhicules électriques :
- Évolution rapide de la technologie : de nouveaux modèles arrivent chaque année avec de meilleures autonomies, des charges plus rapides et des équipements plus connectés. Un modèle électrique de 2022 peut paraître déjà dépassé en 2025.
- Incertitudes sur l’état de la batterie : malgré les garanties constructeurs, de nombreux acheteurs d’occasion craignent un remplacement coûteux, surtout au-delà de 100 000 km.
- Moins de demande sur le marché de l’occasion : si les entreprises achètent volontiers des modèles électriques neufs pour profiter du bonus écologique, les particuliers sont moins enclins à franchir le pas en seconde main, où les aides sont plus rares et les infrastructures de recharge encore inégales.
- Impact des primes et bonus à l’achat neuf : un modèle neuf peut bénéficier d’un bonus conséquent, faussant la valeur perçue du modèle d’occasion équivalent. Cela contribue à tirer les prix vers le bas sur le marché secondaire.
L’électrique : un pari risqué pour les acheteurs prudents ?
Ce constat vient accentuer une dynamique déjà observée sur le neuf : si les voitures électriques séduisent sur le papier, elles peinent encore à convaincre en termes de valeur résiduelle. Pour les ménages soucieux de la revente future ou de la décote, le thermique ou plus encore l’hybride reste souvent un choix plus rassurant.
Cependant, cette situation pourrait évoluer. Certains constructeurs comme Renault, Tesla ou BMW commencent à intégrer des offres de leasing avec reprise garantie ou à investir dans des filières de seconde main certifiées. D’autres misent sur le reconditionnement des batteries pour rassurer les futurs acheteurs.
Mais tant que les véhicules électriques n’auront pas démontré une stabilité de valeur équivalente à leurs homologues thermiques, leur adoption massive risque de rester freinée, du moins sur le marché de l’occasion.
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