Porsche Cayenne électrique : Gabriela fume la côte, Hammond tracte une Lagonda

À Stuttgart, on n’a visiblement pas peur du grand écart. Tandis que le nouveau Cayenne 100 % électrique se prépare à son entrée en scène, prévue d’ici la fin de l’année, Porsche l’envoie déjà au front avec une campagne de communication bien huilée : records chronométrés, démonstrations de force, et célébrités au volant. Le cocktail est connu, mais bien dosé, et ça fonctionne. On a vu une pilote tchèque claquer un chrono, et un ex-Top Gear tracter une remorque. Littéralement.

Gabriela Žilková, pied droit lourd et sang-froid à l’avenant

Premier acte : une montée de côte au goût de Guinness. Direction l’Angleterre, sur la très étroite piste de Shelsley Walsh, l’un des temples du hillclimb britannique. Un mille yards (914 m), pas plus, mais des virages techniques et des bordures qui ne pardonnent rien. C’est là que Gabriela Žilková, 30 ans, pilote tchèque au CV plus chargé que certains SUV, a pris le volant d’un prototype camouflé du nouveau Cayenne électrique.

Chrono final : 31,28 secondes, soit la meilleure performance jamais enregistrée par un SUV sur ce tracé. Plus impressionnant encore, les 18 premiers mètres avalés en 1,94 seconde, un chiffre jusque-là réservé aux monoplaces sur slicks. Sauf qu’ici, on parle d’un pachyderme de près de deux tonnes… en pneus routiers.

Une Panamera perchée et électrifiée ? Presque.

Pour expliquer cette vélocité improbable, il faut jeter un œil sous le camouflage. Ce nouveau Cayenne repose sur la plateforme PPE, la même que pour les Audi Q6 e-tron et la future Macan électrique. Il embarque une suspension Porsche Active Ride empruntée à la Panamera de dernière génération et au Taycan restylé. L’ensemble lui donne l’agilité d’une berline et la nervosité d’un planeur armé de fusées.

Côté groupe motopropulseur, on ne connaît pas encore la fiche technique complète, mais la version la plus puissante promet de dépasser tous les Cayenne thermiques à ce jour, y compris le furieux Turbo GT de 659 ch. Porsche ne parle pas encore de chiffres exacts, mais vu le chrono à Shelsley Walsh, on peut s’attendre à quelque chose autour des 700 chevaux cumulés, répartis sur deux (ou trois ?) moteurs.

Richard Hammond, un attelage et une démonstration de force

Deuxième acte : changement de décor, ambiance gentleman farmer. Richard Hammond, ex-animateur de Top Gear et éternel passionné d’autos improbables, s’est vu confier le Cayenne électrique pour une tâche peu glamour mais hautement symbolique : tracter une Lagonda phaéton ancienne sur une remorque de trois tonnes. Rien que ça.

L’exercice pourrait sembler anecdotique, mais il illustre bien l’une des cartes maîtresses de l’électrique : le couple immédiat. D’après Hammond, le SUV s’est comporté comme si la remorque n’existait pas, avalant les pentes et les relances avec une facilité déconcertante. Officiellement, la capacité de remorquage du nouveau Cayenne grimpe jusqu’à 3,5 tonnes, soit autant qu’un bon gros diesel bien tassé. Une manière subtile de rassurer les puristes : ce Cayenne peut toujours servir à quelque chose de concret, même sans moteur thermique.

Le teasing monte en puissance avant le Festival de Goodwood

En attendant la présentation officielle, Porsche continue de faire monter la sauce. Le Cayenne électrique, encore dissimulé sous des couches de camouflage gris souris, participera au Festival of Speed de Goodwood, du 10 au 13 juillet. D’autres démonstrations sont prévues, et on peut s’attendre à un battage médiatique à la hauteur des ambitions de la marque.

Porsche sait que l’électrification de son best-seller est un pari risqué. Dans un contexte où l’appétit pour les véhicules électriques montre des signes de reflux, le constructeur joue gros. Raison de plus pour rappeler, démonstration à l’appui, que performance, polyvalence et plaisir ne sont pas réservés aux moteurs à explosion. Et que même un SUV familial de 2,5 tonnes peut s’inviter sur un circuit anglais sans faire tache. Ni bruit.