Le marché de l’occasion n’a jamais été aussi bouillonnant en France, entre envolée des prix du neuf, engouement pour l’électrique d’occasion et retour en grâce de modèles thermiques prisés. Mais derrière cette vitalité apparente, un fléau persiste et s’intensifie : les véhicules volés. En 2024, leur nombre a encore progressé de 5 %, selon les données d’Argos. Et si les voitures dérobées alimentent surtout le marché parallèle des pièces détachées, certaines réapparaissent sur les plateformes de vente… avec des papiers en règle ou presque.
C’est là que les ennuis commencent. Le scénario est malheureusement bien connu : un particulier achète le véhicule de ses rêves, parfois en le finançant lourdement, pour découvrir quelques semaines plus tard qu’il a été volé. Et que la justice le lui réclame. Car en droit français, un véhicule volé reste la propriété de son détenteur légitime, quoi qu’en dise le contrat de vente. Pas de remboursement, pas d’assurance, juste une immense frustration.
Une Audi A3, une Golf ou un Range ? Attention danger
L’analyse menée par carVertical en 2024, sur la base de milliers de rapports d’historique de véhicules, est sans appel. Certaines marques sont nettement plus ciblées que d’autres. En tête de liste, l’Audi A3 représente à elle seule 7,7 % des véhicules identifiés comme volés. Suivent la Volkswagen Golf (6,5 %), les sportives Audi RS3 et RS7 (4,3 %), puis la BMW Série 3 et le Land Rover Range Rover (4 % chacun). Mercedes, Alfa Romeo, et d’autres modèles du haut du panier complètent le tableau. Pas vraiment des voitures anodines : ce sont celles dont les pièces se revendent le mieux, et vite.
Pour les professionnels du secteur, la vigilance est constante. « À la moindre alerte, on stoppe tout », explique un responsable chez SuperCars, qui importe des véhicules haut de gamme. « Même un vol signalé il y a cinq ans suffit à mettre fin à une acquisition. » Leurs outils ? Un scan systématique du numéro VIN, une vérification croisée des documents, et surtout l’usage d’un service comme carVertical, capable d’identifier les véhicules signalés volés dans plusieurs pays européens.
Des vérifications simples, mais souvent oubliées
Les conseils de base sont connus mais trop peu appliqués. Avant d’acheter, il faut impérativement vérifier le numéro d’identification du véhicule (le fameux VIN) et le confronter aux documents d’immatriculation. Un certificat de non-gage à jour est aussi un indispensable, tout comme la consultation de l’historique du véhicule via une plateforme fiable.
Des cas concrets montrent que même un véhicule acheté dans un garage, à l’étranger, peut s’avérer problématique. Un couple français a récemment découvert que leur véhicule acheté au Luxembourg appartenait toujours à son ancien propriétaire. Verdict : restitution immédiate, des années de démarches et un véhicule immobilisé pendant des mois. Ils ont fini par récupérer leur bien, mais ce genre d’issue reste l’exception.
Face à l’agilité des réseaux criminels et à la sophistication croissante des falsifications, la transparence devient une arme essentielle. Matas Buzelis, analyste chez carVertical, alerte : « Le nombre de voitures volées détectées augmente, ce qui traduit à la fois une meilleure détection et une aggravation du phénomène. » Et d’ajouter : « Un accès élargi aux bases de données sur les vols permettrait aux acheteurs d’éviter bien des erreurs coûteuses. »
L’achat d’un véhicule d’occasion reste une bonne affaire dans bien des cas. Mais il n’est plus question de s’y lancer les yeux fermés.
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