L’Occident n’en verra pas la couleur. Ford a levé le voile sur une version 100 % électrique de son Bronco, mais à destination exclusive de la Chine. Nommé Bronco New Energy, ce grand SUV développé en tandem avec Jiangling Motors ne quittera pas les rives du Yangtsé. Une décision stratégique qui, sur le papier, paraît rationnelle – immense marché, réglementation favorable, production locale –, mais qui sonne tout de même comme un clin d’œil moqueur à ceux qui espéraient voir débarquer un baroudeur électrique au style néo-rétro sur les routes européennes.
De l’Amérique au bitume chinois : changement de décor
Exit les trails poussiéreux du Colorado ou les pistes sablonneuses de l’Arizona : ce Bronco-là ne rêve pas de liberté sauvage, mais de bouchons urbains et de parkings souterrains à Canton. Il abandonne le rustique châssis échelle au profit d’une structure monocoque, bien plus conciliable avec les réalités chinoises : pollution réglementée, encombrement surveillé, et conduite plus feutrée.
Avec près de cinq mètres de long, le Bronco New Energy joue dans la cour des grands. Il dépasse d’un quart de mètre un Land Rover Defender, tout en restant moins large – une précision qui parlera aux habitués des ruelles de Shenzhen. Pourtant, malgré cette mutation en SUV électrique civilisé, il conserve quelques attributs de son cousin américain : une silhouette cubique, des ailes bien épaisses, une garde au sol digne, et quelques touches vintage en clin d’œil à son ADN.
Deux versions électrifiées pour deux philosophies
La version 100 % électrique embarque une imposante batterie de 105 kWh, installée dans le plancher, alimentant un unique moteur électrique de 271 chevaux. Pas de transmission intégrale, ce qui peut paraître étonnant sur un Bronco, mais qui s’explique par sa vocation urbaine. Grâce au cycle chinois CLTC, moins exigeant que le WLTP européen, l’autonomie est annoncée à 650 km, ce qui demeure très solide, même avec une marge d’ajustement.
Autre alternative proposée : une version à prolongateur d’autonomie. Elle combine une plus petite batterie (43 kWh) à un moteur essence 1.5 litre de 241 ch, dont la mission se limite à recharger la batterie. L’autonomie électrique tombe ici à 230 km, mais permet d’envisager des trajets plus longs sans dépendre d’une borne. Une approche qui n’est pas sans rappeler celle de feu la BMW i3 REx ou plus récemment du Mazda MX-30 R-EV.
Une stratégie à double tranchant
Si l’on peut saluer Ford pour son adaptation locale — la Chine est un marché où l’électrique prend une dimension quasi systémique — on ne peut s’empêcher de regretter que ce Bronco électrifié ne soit pas destiné à l’Europe. D’autant que l’offre actuelle de SUV électriques au look affirmé reste mince sur le Vieux Continent. À l’heure où les Defender, Grenadier ou autres Jeep Wagoneer se cherchent une clientèle électrifiée, Ford aurait pu se faire une place.
Mais l’obstacle réglementaire est bien réel : l’homologation du Bronco américain en Europe est déjà complexe, alors proposer une version électrique uniquement “Chine-compatible” n’aurait pas simplifié la tâche. Et puis, ce modèle est avant tout une production de JMC-Ford, la coentreprise chinoise, ce qui limite d’emblée les velléités d’exportation.
Conclusion : un Bronco à l’esprit mondialisé mais aux roues bien locales
Ce Bronco New Energy illustre la flexibilité stratégique de Ford dans le contexte post-thermique. Adapté au marché, propre sur le papier, visuellement séduisant : il coche toutes les cases. Sauf celle de l’universalité. Ce Bronco restera donc une curiosité de l’autre bout du monde, un SUV taillé pour les avenues de Shanghai plutôt que les cols alpins ou les plages californiennes.
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