Usine Stellantis de Poissy : l’avenir s’assombrit après l’annulation de la future DS 3

Usine Stellantis de Poissy
Usine Stellantis de Poissy

C’est un coup de froid sur les chaînes de Poissy. Selon les informations de L’Argus, la future DS 3 qui devait succéder au DS 3 ( Crossback ) vient d’être annulée. Une décision loin d’être anodine : elle prive le site Stellantis d’Île-de-France de son principal projet de renouvellement, laissant planer une ombre lourde sur l’avenir du site.

Aujourd’hui, Poissy produit encore deux modèles : l’Opel Mokka et le DS 3, tous deux basés sur la plateforme CMP, capable d’accueillir motorisations thermiques et électriques. Mais ces deux SUV, lancés en 2020, approchent doucement de la fin. Et sans remplaçant programmé, l’usine se retrouve au bord du vide industriel.

Une période déjà difficile avec du chômage technique

La période est critique : l’usine est actuellement déjà en chômage technique, avec une interruption de la production qui aura duré plus de deux semaines en octobre. Et cela, non pour des raisons de pénurie de puces électroniques, mais d’une demande insuffisante. Car si le Mokka maintient des scores honorables, ce n’est pas le cas du petit DS 3, moins vendu en France que les DS 4 et DS 7 alors que c’est le prix d’appel de la marque.

Chez Stellantis, on ne parle pas encore de fermeture, mais la réalité est plus rugueuse. Le groupe ajuste sa stratégie. Dans un contexte où chaque euro compte, la marque DS Automobiles concentre ses investissements sur des projets jugés plus rentables.

Le développement de la nouvelle DS 3 aurait pu permettre à Poissy de franchir le cap de l’électrification totale. En coulisses, le projet a été stoppé net. Trop cher, trop risqué, pas assez porteur. Une décision « froide », mais qui laisse des centaines de salariés dans l’incertitude. Pour eux, la fin du DS 3 Crossback à l’horizon 2026 pourrait marquer le début du grand silence.

Un site emblématique en sursis

L’histoire de Poissy, c’est presque celle de l’automobile française. Née à la fin des années 1930, l’usine a vu passer les Simca Aronde, les Talbot Horizon, puis les Peugeot 309, Citroën C3, et la première génération de Peugeot 208. Modernisée en 2016, elle s’était offert une nouvelle jeunesse avec la plateforme CMP et un virage vers le multi-énergie.

Mais cette mue touche à sa limite. Le Mokka continue de tourner, certes, mais les volumes baissent. Le DS 3 Crossback, lui, n’a jamais atteint les objectifs fixés. Résultat : une ligne de production qui tourne au ralenti et un avenir sans successeur annoncé. Pour la première fois depuis longtemps, on parle ouvertement d’un risque de désengagement du groupe Stellantis en Île-de-France.

Poissy, un symbole national

La menace dépasse les murs de l’usine. Poissy, c’est le dernier grand site automobile francilien, une enclave ouvrière aux portes de Paris, un vestige du savoir-faire industriel français. Sa disparition serait un signal désastreux pour tout un pan de l’économie locale, et une contradiction flagrante avec le discours politique sur la réindustrialisation.

Stellantis devrait rester sur place, car son siège social est actuellement implanté à Poissy, et le groupe a réhabilité un centre de recherche et de développement, qui intègre un campus.

Les syndicats, eux, demandent des réponses. Pour l’instant, silence radio du côté de Stellantis. Ni modèle de remplacement, ni plan de sauvegarde. Juste des rumeurs, des regards inquiets, et une phrase qui revient souvent dans les couloirs : « On tient, mais jusqu’à quand ? »

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, j'en ai possédé une soixantaine et essayé plusieurs centaines, tout au long de ces 16 ans d'activité pour Actu Automobile.

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