Xiaomi passe le cap des 500 000 voitures, mais le plus dur commence

Xiaomi passe le cap des 500 000 voitures, mais le plus dur commence
Xiaomi passe le cap des 500 000 voitures, mais le plus dur commence

Xiaomi a mis moins de deux ans pour imposer son blason sur les routes chinoises, et déjà un parfum d’incertitude flotte autour de cette ascension fulgurante. Le demi-million de voitures produites sort tout juste des chaînes de Pékin : un YU7 vert, symbole parfait d’une success story écrite en accéléré. On a vu des constructeurs émergents faire des percées express, mais rarement avec une telle maîtrise du timing, de la communication et du storytelling industriel. Et pourtant, derrière les projecteurs, une autre histoire se dessine : celle d’une marque qui devra prouver qu’elle sait durer, dans un marché où les rois d’hier deviennent très vite les oubliés de demain.

Un succès express bien orchestré

Ce succès express ne doit rien au hasard. En trois ans, Xiaomi a bâti un constructeur automobile de toutes pièces : un département créé en 2021, une plateforme 100 % maison pensée pour les électriques, et deux modèles seulement, le SU7 puis le YU7. Une gamme minuscule à l’échelle chinoise, mais deux silhouettes parfaitement ciblées : une berline sportive qui a fait sensation sur la fiche technique, puis un SUV dans la continuité, idéal pour soutenir la courbe des volumes. Le coup de pouce du marketing a fait le reste. La marque jouit d’une aura considérable dans l’électronique grand public, et elle sait se raconter comme peu d’acteurs chinois. Deux records sur la boucle Nord du Nürburgring sont venus cimenter cette image d’ingénierie « à l’allemande », quitte à faire oublier les critiques sur la finition ou les premiers retours mitigés sur la fiabilité.

Le site de Pékin symbolise cette marche forcée. D’abord adossé à BAIC pour les formalités administratives, le groupe a obtenu sa propre licence seulement en 2024, mais affichait déjà des cadences dignes de marques bien établies : 150 000 véhicules par an au lancement, 300 000 un an plus tard. À ce rythme, dépasser les 400 000 ventes en 2025 semble acquis. En comparaison, même Xpeng ou AITO, pourtant solidement installés, n’ont pas réussi la même progression avec seulement deux modèles au catalogue. Et seul Leapmotor fait mieux sur les dix premiers mois de l’année.

Xiaomi SU7 Ultra
Le record de la Xiaomi SU7 Ultra

Des difficultés en vue pour 2026 ?

Mais l’euphorie a ses limites. Le marché chinois du NEV ( électriques et hybrides rechargeables ) évolue à la vitesse d’une plateforme numérique : ce qui plaît aujourd’hui peut lasser le trimestre suivant. Li Auto en sait quelque chose : adulée hier, en perte de vitesse aujourd’hui malgré des ristournes agressives et une gamme élargie. Xiaomi pourrait affronter la même volatilité dès 2026 si elle ne parvient pas à renouveler son offre assez vite. La troisième voiture du catalogue reste entourée de mystère : un temps évoqué, un crossover familial hybride rechargeable pourrait constituer une porte d’entrée vers un public plus large. Reste à savoir si cela suffira à soutenir la cadence.

Autre défi : l’expansion hors de Chine. Les premiers exemplaires arrivés via des importateurs en Russie ont fait office de test, mais l’ambition réelle se situe en Europe. Xiaomi vise 2027 pour une entrée officielle, au moment même où l’Union européenne renchérit ses droits de douane sur les électriques chinoises. Le timing est audacieux, et l’accueil pourrait être plus contrasté qu’à domicile. Les SU7 et YU7 devront affronter des références bien installées, et se faire une image. Pour convaincre, Xiaomi devra probablement renforcer ses standards qualité, adapter son interface logicielle et se montrer irréprochable sur les systèmes d’aide à la conduite, un point régulièrement critiqué en Chine.

Une suite à écrire pour Xiaomi

Le demi-million de voitures produites en 602 jours restera une prouesse historique, mais Xiaomi entre maintenant dans la phase où la vitesse seule ne suffit plus. Le constructeur va devoir prouver qu’il peut tenir la distance, solidifier sa qualité, élargir sa gamme et apprivoiser des marchés où son nom n’est pas encore synonyme de voiture. Une étape souvent plus délicate que la première poussée de croissance. Beaucoup de jeunes marques chinoises ont trébuché sur ce palier ; Xiaomi, elle, joue désormais dans la même ligue.

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, j'en ai possédé une soixantaine et essayé plusieurs centaines, tout au long de ces 16 ans d'activité pour Actu Automobile.

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