Carburant vendu à perte : quel sera le prix à la pompe ?

La récente annonce d’Élisabeth Borne concernant la possibilité pour les distributeurs de carburant de vendre à perte pendant quelques mois a suscité de vives discussions quant à ses implications réelles. La première ministre a déclaré que cette mesure permettrait de faire baisser les prix à la pompe sans subventionner le carburant, mais ses effets concrets demeurent incertains. Quel sera le prix à la pompe ? Voici nos éléments de réponse.

Quelques centimes d’économies au mieux

Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a précisé qu’il ne s’agissait pas d’attendre que l’essence baisse à 1,40 euro dans toutes les stations-service de France pendant six mois. Mais que cela permettait de réaliser des « opérations commerciales. »

Pourtant, il est essentiel de noter que les récentes opérations à prix coûtant lancées par les grandes surfaces n’ont entraîné qu’une légère baisse du prix du carburant. Les distributeurs de carburant utilisent souvent l’essence et le diesel comme produits d’appel, ce qui limite leurs marges bénéficiaires. Mais la marge nette des distributeurs se situe autour d’un centime par litre, ce qui limite leur capacité à réduire significativement les prix. Si les prix baissent en-dessous du prix de revient, il ne faut pas s’attendre à de gros rabais, mais plutôt à quelques centimes de moins tout au plus !

Par ailleurs, les petites stations-service traditionnelles sont déjà inquiètes. Les grandes et moyennes surfaces sont les seules en mesure de vendre du carburant à perte, ce qui est perçu comme une injustice par les petites stations. Ces dernières dépendent largement des ventes de carburant pour leur survie financière et craignent de ne pas pouvoir rivaliser.

Enfin, il existe un risque que cette mesure entraîne des « effets pervers » dans la grande distribution. Les automobilistes pourraient bénéficier de quelques centimes de réduction par litre dans les stations-service des grandes surfaces. Cependant, il est possible que ces grandes surfaces en profitent pour augmenter les prix d’autres produits afin de compenser les pertes liées à la vente de carburants.

Bien que la vente de carburant à perte puisse sembler être une mesure favorable aux automobilistes, ses répercussions potentielles restent incertaines. La marge de manœuvre des distributeurs est limitée, et la mesure pourrait ne se traduire que par de modestes économies pour les consommateurs, voire avoir des conséquences imprévues sur les petits acteurs du secteur et la grande distribution.

Cela ressemble donc plutôt à une nouvelle entourloupe proposée par le gouvernement, pour faire oublier le refus des ministres d’une nouvelle aide sur les carburants, ainsi qu’une éventuelle baisse de la taxation, même provisoire. Les français méritent mieux que ce genre de mesures !

A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, il en a déjà eu une soixantaine et essayé plusieurs centaines.

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