Même à 8000 €, les Dacia Spring d’occasion s’entassent

Dacia Spring
Dacia Spring

On la croyait invincible, indétrônable sur le trône de la voiture électrique la plus accessible. La Dacia Spring, petite puce venue de Chine avec un badge roumain et une promesse d’électrification pour les masses, a connu un décollage fulgurant. Tarif imbattable, bonus à gogo, et pour beaucoup, un ticket d’entrée dans le monde de la voiture branchée. Sauf qu’en 2025, le souffle est retombé. Et sur le marché de l’occasion, les stocks s’accumulent… dangereusement.

Sur Leboncoin, La Centrale ou les parcs VO des concessions, la Spring pullule. On en trouve à la pelle, parfois à peine 10 000 km au compteur, affichées sous la barre des 9 000 €, voire autour de 8 000 €. Un prix plancher pour une électrique aussi récente ? Pas si sûr. Car ce qui frappe, ce n’est pas tant le tarif que l’immobilisme : elles ne partent pas. Ou si peu.

Pourquoi une telle désaffection ?

La première raison, c’est l’image. Aussi bon marché soit-elle, la Spring souffre d’une réputation en demi-teinte. Plastiques durs, comportement pataud, prestations minimalistes… En neuf, on acceptait l’austérité au nom de l’économie. En occasion, le charme low-cost opère moins. On hésite. On compare. Et la concurrence, plus ancienne, plus équipée, voire plus valorisante, grignote le terrain.

Ajoutez à cela le changement brutal de fiscalité. Le bonus écologique à l’achat a été recentré sur les modèles produits en Europe. La Spring, importée de Chine, a été sortie du jeu. Résultat : la demande neuve s’est effondrée, et l’effet d’entraînement sur l’occasion est immédiat. Ceux qui l’avaient achetée avec l’idée de la revendre sans perdre un centime se retrouvent avec un actif gelé.

Dacia Spring
Dacia Spring

La Spring, victime de son propre succès ?

Il y a un peu de ça. Avec des dizaines de milliers d’unités vendues depuis son lancement, la Spring est omniprésente. Une bonne nouvelle pour les flottes, les loueurs, les auto-écoles. Moins pour les particuliers qui cherchent à revendre sans brader. En inondant le marché, Dacia a tué la rareté. Et dans l’univers du VO, quand l’offre dépasse la demande, les prix plongent.

La situation est d’autant plus paradoxale que les autres citadines électriques abordables ne se bousculent pas. Une Fiat 500e reste nettement plus chère, une e-208 encore plus. Et pourtant, ces modèles-là tiennent mieux la cote. Pourquoi ? Parce qu’ils cochent d’autres cases : design, image, agrément, finition. La Spring, elle, n’a que son prix. Et en occasion, ce n’est plus suffisant.

Des éléments que nous avions souligné lors de notre essai de la Dacia Spring, en 2022.

Un marché à surveiller de près

Pour les acheteurs opportunistes, c’est peut-être le moment ou jamais. Une Spring à 8 000 €, c’est l’équivalent électrique d’une Clio essence d’il y a cinq ans. Elle roule, coûte peu, se branche partout. Parfaite pour une utilisation urbaine sans prétention. Mais pour qu’elle retrouve de l’élan, il faudrait un vrai signal du marché, ou un usage spécifique qui la revalorise – livraison du dernier kilomètre, location de courte durée, ou pourquoi pas conversion en utilitaire.

Dacia, de son côté, prépare la relève. La nouvelle génération de Spring, plus sûre, un peu plus sexy, arrive à l’automne. Avec, on l’espère, un positionnement plus clair. Mais sur le marché de l’occasion, le mal est fait : la Spring de première génération s’empile, et ne trouve plus preneur. Même à 8 000 €.

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, il en a déjà eu une soixantaine et essayé plusieurs centaines.

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