Kia EV5, des prix serrés mais un handicap majeur en France

Kia EV5
Kia EV5

Trois ans après sa présentation initiale et après un long détour par les marchés asiatiques, le Kia EV5 pose enfin ses roues en France. Un délai qui n’est pas anodin et qui en dit déjà long sur la complexité du dossier. Pensé à l’origine pour un public chinois, ce SUV électrique de taille intermédiaire a dû être adapté pour l’Europe, sans jamais renier totalement ses racines. Résultat, le EV5 arrive aujourd’hui dans les concessions françaises avec un positionnement clair sur le papier, mais aussi avec plusieurs handicaps difficiles à ignorer dans un segment devenu ultra-compétitif.

Un SUV familial au format rassurant

Visuellement, le EV5 coche beaucoup de cases. Gabarit proche des références du segment, style moderne sans provocation excessive, signature lumineuse affirmée, habitacle spacieux et présentation sérieuse. Kia sait faire, et le EV5 s’inscrit dans la continuité de l’EV6 et de l’EV9, avec un langage de design désormais bien installé. À bord, l’équipement de série est cohérent dès l’entrée de gamme, avec une double dalle numérique de 12,3 pouces, la connectivité complète et une dotation sécuritaire solide. Sur ce point, le constructeur coréen reste fidèle à sa réputation.

Une fiche technique qui trahit son âge

C’est sous la carrosserie que le EV5 commence à montrer ses limites. Contrairement à ses grands frères reposant sur une architecture 800 volts, il se contente ici d’une base 400 volts plus classique. Le moteur unique développe 218 ch, une valeur honorable mais sans éclat, avec des performances correctes sans être marquantes. Le 0 à 100 km/h en 8,4 secondes suffit au quotidien, mais ne permet pas de se démarquer dans une catégorie où les accélérations sont devenues un argument marketing, surtout du côté de Tesla, Volvo ou Smart.

Là où le bât blesse davantage, c’est sur l’efficience globale. Malgré une batterie de 81,4 kWh, l’autonomie annoncée plafonne entre 505 et 530 km selon les versions. Un chiffre qui fait pâle figure face à un Renault Scenic capable de dépasser les 600 km avec une batterie certes plus grande, mais aussi mieux exploitée. Même le Citroën ë-C5 Aircross, avec 97 kWh, parvient à afficher jusqu’à 680 km. En matière de recharge rapide, le EV5 ne fait pas mieux que la moyenne avec 150 kW, quand un Tesla Model Y monte nettement plus haut et transforme les longs trajets en simple formalité.

Kia EV5
Kia EV5

Des choix d’équipement discutables

Kia aurait pu rattraper ces limites par une générosité technologique plus affirmée. Ce n’est pas vraiment le cas. Le chargeur embarqué de 11 kW est imposé, sans possibilité d’opter pour du 22 kW, ce qui pénalise clairement les utilisateurs de bornes publiques AC. Plus étonnant encore, la pompe à chaleur reste une option, facturée plus de 1 500 euros, là où certains concurrents l’intègrent désormais de série. Certes, le EV5 propose un planificateur d’itinéraire et un système de préconditionnement de batterie, mais ces éléments sont devenus des standards sur ce segment.

Des prix calculés, mais pas décisifs

C’est sur le terrain du prix que Kia joue sa carte principale. À 44 990 euros en version Air, le EV5 se positionne correctement compte tenu de sa taille et de son équipement. Les finitions Earth et GT-Line grimpent respectivement à 46 990 et 49 990 euros, sans dérapage spectaculaire. Sur le papier, l’effort est réel. Dans la réalité du marché français, l’équation est plus compliquée. Assemblé en Asie, le EV5 est exclu du bonus écologique ( la fameuse prime coup de pouce ), un désavantage majeur face à des concurrents directs comme le Tesla Model Y ou le Citroën ë-C5 Aircross, tous deux éligibles et affichés à des tarifs inférieurs une fois l’aide déduite.

Même le Peugeot e-3008, pourtant plus cher à l’achat brut, devient plus compétitif après bonus. Quant au Scenic, certes plus onéreux, il justifie son prix par une autonomie nettement supérieure et une image de nouveauté plus marquée. ( lire notre essai du Peugeot e-3008 Dual Motor )

Un modèle pertinent… mais arrivé trop tard

Le Kia EV5 n’est pas un mauvais SUV électrique. Loin de là. Il est homogène, bien présenté, confortable et suffisamment performant pour un usage familial. Mais il arrive tard, avec une technologie déjà dépassée par les standards les plus récents et sans l’arme du bonus pour compenser. Dans un marché français devenu extrêmement rationnel, où chaque kilomètre d’autonomie et chaque euro comptent, cela risque de peser lourd.

Kia espérait sans doute combler un vide entre le Niro et l’EV6. Mais entre-temps, la concurrence a avancé vite, très vite. Et le EV5, malgré ses qualités, pourrait bien en faire les frais.

A Bruxelles en janvier, Kia présentera une version plus puissante : l’EV5 GT, qui dépassera alors les 300 ch. Sans surprise, il faudra alors dépenser plus de 50000 euros pour s’offrir cette variante « sportive ». Mais comme ses concurrents, cette gamme de prix prive tout le monde de bonus, l’EV5 aura alors une carte à jouer…

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A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, j'en ai possédé une soixantaine et essayé plusieurs centaines, tout au long de ces 16 ans d'activité pour Actu Automobile.

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