
Le prix : une explosion programmée
Oubliez l’idée qu’on se cogne à une flambée des coûts seule. Entre 2020 et 2024, le prix moyen d’un véhicule neuf a grimpé de 6 765 €, soit +24 % en quatre ans, selon l’étude IMT-C-Ways. Et non, ce n’est pas la faute de l’inflation ou des matières premières : celles-ci ne pèsent que 6 % sur la hausse . Le reste ? 50 % vient de décisions internes aux constructeurs, et 25 % d’un cocktail réglementaire et stratégique. Translation : les automobilistes paient le prix fort pour financer le jeu de marge et la montée en gamme des marques.
Le résultat est cruel : les voitures populaires sont devenues rares et chères. Une Dacia Sandero est passée de 14 000 € à 19 000 € en dix ans, autrefois accessible devient presque premium . Quant à la Renault Clio, elle s’est légèrement allégée en prix… à cause de son bas de gamme : fin de vie = promo, pas générosité .
Inflation des prix = stratégie consciente
Derrière les chiffres, une stratégie claire : pour compenser la chute des volumes (-22 % de ventes neuves entre 2019 et 2024 en France), les constructeurs ont privilégié des voitures plus grandes, plus chères, plus équipées. Résultat : des SUV à la pelle et des citadines sacrifiées pour préserver les marges .
Techniquement, ce n’est pas qu’une question de normes : certes, GSR2 oblige l’équipement de sécurité (+500 €), et les normes anti-CO₂ coûtent cher. Mais ces charges sont noyées dans un plan tarifaire volontairement corsé .
Consommateurs → marché secondaire
Conséquence implacable : les acheteurs particuliers désertent le neuf. Aujourd’hui, seuls 2 % des ménages achètent un véhicule neuf par an, contre 7–8 % dans les années 1990. Et parmi les immatriculations neuves, la part des particuliers est descendue à 40 % (contre 62 % en 2001) .
Le marché de l’occasion, lui, explose. Et ce n’est pas étonnant : les ménages en ont marre de se ruiner pour des voitures neuves éphémères. L’occasion devient refuge, symbole d’un rêve auto désormais trop cher.
Verdict
La voiture neuve est en train de devenir un bien de luxe, réservé à une élite prête à payer le confort et l’étiquette. Pendant ce temps, la voiture populaire s’efface, rongée par les stratégies de marge et la pression réglementaire. Les constructeurs jouent avec le feu : ils montent les prix, creusent les marges, et sacrifiant le rêve auto pour les classes moyennes.
La vraie question maintenant, c’est : y a-t-il encore du pouvoir d’achat derrière ce marché enfumé ? Ou les marques finiront-elles par construire le SUV de leur propre défaite ?
📲 Si vous utilisez Google News (Actualités en France), vous pouvez nous suivre facilement en nous ajoutant : Actu-Automobile sur Google News.