Nouvelle Renault Clio : la sixième génération se réinvente

Clio, encore et toujours. Trente-cinq ans de carrière et pas l’ombre d’un passage à vide : près de 17 millions d’exemplaires vendus, un best-seller européen qui refuse de laisser sa couronne. Renault aurait pu jouer la prudence, se contenter d’un restylage soigné. Non : voilà une sixième génération qui se veut « survitaminée », le mot est lâché, avec l’ambition d’imposer de nouveaux standards dans un segment qui se durcit.

Depuis 1990, la petite française a pris l’habitude de bousculer les lignes. On se souvient de la pub culte « Pas assez cher, mon fils » pour la Baccara, des Clio Williams bleues et or qui faisaient rêver les ados, ou de la Clio V6, improbable missile à moteur central. Elle a aussi décroché deux titres de Voiture de l’année, histoire de rappeler que ce n’était pas seulement une histoire de volumes. Aujourd’hui, la sixième du nom débarque avec un style tranchant, une motorisation hybride musclée et un intérieur qui n’a plus rien de celui d’une « petite voiture ».

Un style qui joue les compactes sportives

Renault n’a pas simplement retouché la Clio, elle l’a passée à la salle de musculation. La sixième génération s’allonge, s’élargit, se tend : +6,7 cm en longueur, +3,9 cm en largeur, un empattement étiré et un capot interminable qui donne des airs de compacte plus que de citadine. La ligne de toit chute comme celle d’un coupé miniature, la lunette arrière est couchée, presque agressive, et l’ensemble respire cette latinité revendiquée par les designers maison. On est loin de la rondeur consensuelle des Clio précédentes : ici, chaque pli de carrosserie a été affûté comme une lame. La face avant concentre le regard, calandre élargie façon bijou serti et signature lumineuse en forme de losange étiré, spectaculaire mais clivante. On aime ou on déteste, mais impossible de rester indifférent.

De profil, les épaules sont marquées, les arches de roues noircies renforcent le côté athlétique, et les jantes de 18 pouces (selon version) donnent à la petite française une posture de mauvaise graine. C’est plus show-car que citadine sage, une Clio qui veut en imposer dans le rétro des concurrentes. On retrouve bien quelques gimmicks hérités des générations passées, comme les poignées arrière intégrées, mais le ton est différent : la Clio n’est plus dans la discrétion, elle affiche un caractère presque propulsif, accentué par les quatre feux arrière horizontaux qui évoquent les sportives du segment supérieur. Même la palette de couleurs en dit long : un Rouge Absolu flamboyant, un Vert Absolu inédit, bref, des teintes qui claquent et cherchent l’effet coup de cœur sur le trottoir.

Cette Clio 6 n’est donc plus seulement une citadine pratique et bien élevée, elle joue clairement la séduction et le muscle. Certains y verront une volonté assumée d’aller marcher sur les plates-bandes de la Peugeot 208, la championne de l’élégance tricolore. Mais une chose est sûre : avec ce dessin, Renault a pris le risque du clivage. Un pari nécessaire pour rester désirée dans un segment où la neutralité ne fait plus vendre.

L’hybride en patron

Sous le capot, place à la nouvelle E-Tech 160 ch. Plus de puissance, moins de CO₂ (89 g/km), et une sobriété record annoncée : 3,9 l/100 km. Renault promet jusqu’à 80 % du temps de roulage en électrique en ville. Des chiffres alléchants, qu’on ne demande qu’à vérifier en conditions réelles. À côté, quelques versions essence et GPL viennent compléter l’offre, mais l’essentiel est ailleurs : cette Clio se veut la vitrine de l’hybride maison.

La cible est claire : mettre la 208 hybride sous pression, et damer le pion à la Toyota Yaris, jusqu’ici championne du genre. Avec ses 160 ch, la Clio joue la carte de la polyvalence : plus vive que la japonaise, plus sobre que la Peugeot si l’on en croit les fiches techniques.

À bord, une montée en gamme assumée

L’habitacle change de registre. L’écran double OpenR en V, déjà vu sur les modèles supérieurs, fait son apparition. Google intégré au multimédia, une première dans le segment, vient renforcer la promesse de simplicité. Les matériaux recyclés soignent l’image écolo, et les 29 aides à la conduite font basculer la Clio dans une autre dimension. On n’est plus dans la petite citadine basique, mais dans une berline compacte qui ne dit pas son nom.

Une star face au temps qui passe

Mais voilà : si Clio est une légende, le marché lui, a changé. Les jeunes conducteurs lorgnent sur les SUV urbains, les regards se tournent vers la Renault 5 électrique qui incarne l’avenir. La sixième génération devra donc convaincre que la berline citadine a encore un rôle à jouer. Et c’est là que l’hybride prend tout son sens : assez moderne pour rassurer, assez classique pour séduire ceux qui ne veulent pas encore basculer à 100 % dans l’électrique.

Verdict provisoire

Cette Clio 6 n’est pas une révolution, mais une montée en puissance. Une citadine qui refuse de se faire ringardiser par les SUV et les électriques pures. Plus agressive, plus connectée, plus sobre : Renault a mis tous les curseurs à fond. Reste à savoir si le public suivra, ou si l’icône des années 90 finira par se heurter à la lassitude d’un segment en pleine mutation.

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