Cela faisait des années que les automobilistes français s’en étonnaient : comment une application aussi puissante que Google Maps pouvait ignorer superbement les radars, alors que sa petite sœur Waze, elle aussi propriété de Google, en faisait un argument marketing ? La réponse tenait en un mot : législation. Et pourtant, depuis fin 2024, une astuce fait discrètement sauter le verrou. Pas de mise à jour fracassante ni d’option cachée à débloquer dans les réglages, mais une petite manipulation bien connue des bidouilleurs de l’info trafic : utiliser TomTom AmiGo en surcouche.
Combiner deux applications
L’idée est aussi simple qu’astucieuse : plutôt que de se confronter frontalement à la réglementation française, Google laisse la porte entrouverte à une application tierce pour faire le travail à sa place. En clair, sur Android uniquement, il est désormais possible d’utiliser TomTom AmiGo comme une surcouche flottante par-dessus Google Maps. L’application de TomTom, gratuite et communautaire, signale radars fixes et mobiles en temps réel, et affiche ces informations via un petit widget latéral superposé à la carte. Google, de son côté, reste juridiquement irréprochable : ce n’est pas lui qui affiche les radars, mais une autre application tolérée dans le même environnement.
Ce tour de passe-passe repose sur quelques réglages à affiner. Il faut notamment activer l’autorisation d’afficher des éléments en superposition, autoriser les fenêtres contextuelles (pop-up), et paramétrer la synthèse vocale pour recevoir les alertes à l’oreille sans quitter la route des yeux. C’est un peu fastidieux, mais le résultat est là : pour la première fois, les radars réapparaissent sur la carte de Google Maps. Pas comme sur Waze, mais suffisamment visibles pour intéresser les conducteurs vigilants.
Évidemment, l’astuce ne fonctionne pas sur iOS, l’écosystème Apple ne permettant pas ce type de widget superposé sur une application tierce. Les utilisateurs d’iPhone, toujours cantonnés à Waze ou à la chance, devront encore patienter – ou changer de camp.
Des zones de danger bien pratiques
Derrière cette ouverture partielle, une question persiste : pourquoi Google ne propose-t-il pas nativement ce que tout le monde réclame ? La réponse est moins juridique que stratégique. En France, les radars ne sont plus appelés ainsi : on parle officiellement de “zones de danger”. Cette sémantique habile, utilisée par Waze, permet de contourner le flou législatif qui interdit l’affichage précis des dispositifs de contrôle. Mais Google Maps, plus corporate, refuse de jouer sur les mots. Du moins, pour l’instant.
Car en coulisse, tout bouge. En 2024, des fuites laissaient entendre que Google envisageait d’intégrer les données issues de Waze dans Maps de manière plus transparente. D’ailleurs, sur Android Auto, certains rapports d’incidents (travaux, objets sur la chaussée) sont déjà apparus, preuve que la frontière entre les deux univers s’amincit. L’étape suivante serait l’intégration des zones de contrôle sous forme élargie, conformément au droit français.
Cette évolution, si elle devait se produire, pourrait bousculer l’écosystème des applications GPS. Waze perdrait alors une partie de son attrait différenciateur, au profit d’un Google Maps plus complet, plus homogène… mais peut-être aussi moins “communautaire”. D’ici là, ceux qui veulent profiter du meilleur des deux mondes peuvent toujours empiler les couches : une carte de Maps, un radar de TomTom, et une patience d’orfèvre pour tout paramétrer correctement. La navigation moderne est un millefeuille.
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