Essai BMW M135 xDrive 2025 : le déclin des compactes sportives

Alors que la catégorie des compactes sportives est de plus en plus désertée, BMW reconduit tout de même sa M135 xDrive, en remplacement de l’ancienne M135i. Les puristes ont depuis quelques années crié au scandale quand ce modèle a abandonné la propulsion et le 6 cylindres en ligne, une configuration qui impose désormais de se tourner vers une M2. En 2025, que reste-t-il donc à cette M135 xDrive ?

Design : style renouvelé et sobriété

En 2024, les designers BMW ont revu en profondeur la Série 1, avec une génération F40 qui a été remplacée par cette génération F70. C’est la face avant qui a fortement évolué, avec de nouveaux blocs optiques plus effilés qui ont inauguré une nouvelle signature lumineuse. Les naseaux sont désormais placés plus bas, et sont à la fois élargis et plus écrasés, plus dans l’esprit de la Série 2 Gran Coupé. Les deux modèles partagent d’ailleurs désormais leur face avant, ce qui explique cette évolution !

Autre changement : il est même possible d’avoir cette calandre éclairée, avec l’option BMW Iconic Glow présente dans le pack Innovation. Vous noterez aussi le fait que sur cette version, les barrettes sont horizontales.

Par rapport à une Série 1 M Sport essence ou diesel plus standard, la M135 xDrive est au final assez proche esthétiquement. De face, impossible de la reconnaitre ou presque. Les connaisseurs remarqueront sans doute les rétroviseurs au design M, qui n’étaient pas proposés sur la version précédente. Ce sera une différence de taille sur une vue de face !

En revanche de derrière, en dehors de la présence du becquet et du logo, les quatre sorties d’échappement de 90 mm de diamètre ne laisseront pas de doute sur le fait qu’on ait bien affaire ici à une rivale des Audi S3 et Mercedes Classe A35 AMG. Le design profite aussi d’un extracteur qui ne passe pas inaperçu.

La teinte de notre exemplaire d’essai est une teinte BMW individual Frozen Portimao Blau, facturée 2800 euros. Autre option sur cette version : les jantes alliage 19″, facturées 800 euros. De série la monte d’origine est en 18″. Le changement ne ferait grimper les émissions de Co2 que d’un gramme selon le configurateur BMW.

Si les étriers sont rouge, cela signifie là encore qu’une option a été activée…ici, le pack M Sport Pro qui comprend également le Shadow Line M Brillant étendu, les projecteurs Shadow Line M ( assombris ), les sièges M Sport, et les ceintures de sécurité avec le liseré M, moyennant 1550 euros.

Vie à bord : une planche de bord inédite

BMW a totalement remanié l’habitacle de sa Série 1, avec une planche de bord inédite. Celle-ci met en avant le fameux double écran BMW Curved Display, qui devient la norme pour la marque depuis l’arrivée du X1. La marque allemande a aussi retenu le principe des décors de planche de bord et de contre-portes rétro-éclairés, comme sur le modèle sortant. On note aussi que les contre-portes semblent très proches du modèle sortant…Sur les modèles M, les surpiqures rouge et bleu apportent un peu de couleur côté passager.

Totalement remaniée, la planche de bord est à la fois moderne et épurée, et se distingue de la Série 3 par une certaine sobriété. La qualité de finition est également inférieure à cette dernière, avec des matériaux moins flatteurs. Sur ce point, une Audi A3 Sportback semble mieux lotie.

Le volant M offre ici une très belle prise en mains, avec un diamètre conséquent. Le repaire de point milieu est aussi présent, comme sur une sportive qui se respecte. On apprécie aussi le design de la branche inférieure, sous forme d’éléments métalliques ajourés.

Du côté du multimédia, le nouveau système sous OS 9 est pilotable en tactile, ou en vocal, avec « Drive Quick Select ».

Ici les sièges M Sport avec un dossier d’un bloc comprenant l’appuie tête, sont optionnels, moyennant 800 euros. Ils procurent un excellent maintien latéral. Petite touche distinctive : sur cette nouvelle Série 1, le logo M présent sur les dossiers est même éclairé !

Parlons un peu du confort : pas de suspension pilotée sur la Série 1, et ici l’amortissement privilégie l’efficacité. Ajoutez à cela des jantes de grand diamètre : de quoi craindre pour ses lombaires ! Malgré tout, le confort reste très convenable.

Notre véhicule d’essai disposait également du toit ouvrant panoramique, ainsi que du système Hifi Harmann Kardon. De quoi apporter un vrai plus sur la partie vie à bord, avec des équipements qui agrémentent réellement le quotidien.

Aux places arrière, on retrouve la même habitabilité que dans la Série 1 F40. L’empattement est identique, rien n’a donc évolué pour l’espace disponible. Pour une compacte, l’espace est convaincant, aux jambes ou en garde au toit. Les passagers disposent de sorties de climatisation, à condition d’avoir coché l’option climatisation automatique bi-zone à 560 euros. Une absence un peu pingre sur une voiture tarifée près de 60000 euros.

Sous le hayon ( motorisé ici en option ), la contenance de 380 litres est dans la bonne moyenne du segment.

A conduire : 300 ch et 4 roues motrices

Contrairement à la précédente génération qui disposait d’un 6 cylindres en ligne, depuis la Série 1 type F40 la M135 doit se contenter d’un quatre cylindres 2.0 turbocompressé. Une architecture similaire à ce que proposent les concurrentes, Audi S3 Sportback et Mercedes Classe A 35 AMG. Pour une puissance de 300 ch, rien de choquant en soi, mais les mélomanes regrettent toujours l’ancien 6 cylindres en ligne, disparu avec la génération F20 en 2019.

Ce 2.0 L avec technologie M Twin Power Turbo délivre la puissance maximale entre 5750 et 6500 tr/min, alors que le couple de 400 Nm est à son pic entre 2000 et 4500 tr/min. De quoi garantir une belle souplesse et des reprises vigoureuses.

Au démarrage de cette M135 xDrive, l’ambiance sportive est assurée par un coup de gaz sympathique au niveau des sorties d’échappement.

En mode de conduite normal, la M135 se comporte de manière très civilisée, comme une compacte de 2L de cylindrée. Seule sa suspension au tarage très raide vous rappellera sa destination sportive. La M135 est pourvue en série d’un châssis adaptatif M, qui ne dispose pas de suspensions pneumatiques mais des amortisseurs mécaniques à fréquence sélective à régulation variable. La hauteur de caisse est aussi abaissée de 8 mm par rapport à une Série 1 standard.

Activer le mode de conduite Sport déclenchera les foudres de cette BMW M135 xDrive, avec de nombreux paramètres modifiés. Les accélérations sont alors renforcées par une sonorité artificielle dans l’habitacle. ( ce qui est souvent mauvais signe pour le niveau de sportivité proposé ). Oui, les performances sont élevées, mais les montées en régime ne sont pas particulièrement enthousiasmantes en raison d’un manque de caractère moteur. La zone rouge n’est pas située très haut sur ce moteur qui privilégie la souplesse, comme de nombreuses compactes GTI.

Sur l’exercice du 0 à 100 km/h, la M135 xDrive s’en sort bien avec seulement 4,9 s, un temps tout à fait respectable, même si désormais de nombreux modèles électriques moins sportifs peuvent faire mieux. Elle rend aussi deux dixièmes face à la dernière S3, qui a vu sa puissance passer de 310 à 333 ch.

Ici la puissance ne passe pas sur les roues arrière comme sur une M2, du fait de la présence du xDrive. Mais rappelons que de base, la Série 1 est devenue une traction avant. La génération F40 avait même été commercialisée en sportive 128ti, dont les 265 ch étaient envoyés aux seules roues avant ! Une configuration atypique pour la marque bavaroise, réputée pour ses propulsions.

Avec sa transmission intégrale, la M135 profite d’une très bonne motricité, qui sera un vrai plus dans certaines conditions climatiques plus dégradées. Sur sol sec, le xDrive permet de passer la puissance de la manière la plus efficace. Un différentiel mécanique autobloquant est également présent sur l’essieu avant, précisons qu’il est intégré à la boite Steptronic. Alors très clairement, on imagine sans problème que le niveau de puissance pourrait être bien supérieur…Et étant donné que les Classe A 45 AMG et RS3 Sportback n’hésitent pas à tartiner 400 ch, il est bien dommage que BMW ne nous concocte pas une petite M1. Avec plus de puissance et une transmission xDrive plus permissive, cette sportive serait transfigurée…

Il ne faut pas espérer appuyer sur un bouton pour faire de cette M135 xDrive une petite propulsion. Le couple maximum envoyé à l’essieu arrière est de 50 % : n’oublions pas qu’au départ cette Série 1 est une traction avant. Un système xDrive plus performant aurait-il été possible ? Cela n’a en tout cas pas été le cas, et cela devrait réduire l’intérêt de ceux qui cherchent une sportive survireuse.

Même lors d’un parcours sinueux, cette M135 mise donc sur l’efficacité et n’ira pas permettre au conducteur de ressentir l’effet d’une dérive. La direction est agréable, et la précision du train avant ne souffre d’aucun reproche.

Pour profiter du plus haut potentiel de la M135, il sera possible d’activer en option le pack M technology à 4000 euros. Celui-ci comprend des jantes forgées et allégées, des réglages de suspension revus, des  freins composites M, avec disques avant perforés et de plus grand diamètre ( 385 mm à l’avant ).

Efficace et performante, cette M135 xDrive oublie peut-être d’être un peu fun. Trop sérieuse, peut-être en comportement ? Ou est-ce le manque de caractère moteur qui domine ? Il faut bien avouer qu’à l’issue de cet essai, malgré les performances tout à fait honnêtes, nous restons sur notre faim.

Côté consommation, la M135 xDrive reste raisonnable, malgré son absence d’hybridation.

Budget : prix correct, malus dissuasif

Affichée à 58350 euros, la BMW M135 xDrive laisse encore de la marge pour faire s’envoler le tarif en cochant les options qui équipent par exemple ce modèle d’essai. On pourra vite dépasser les 70000 euros en cochant les packs M Sport Pro et Innovation, la peinture BMW Individual, le toit ouvrant et les sièges M Sport. Sans oublier la climatisation automatique bizone, le système hifi, et j’en passe.

Avec des émissions de CO2 qui débutent à 174 g, le malus écologique français fera écoper les acheteurs de la nouvelle M135 xDrive d’une lourde pénalité de 20569 euros. De quoi décourager de nombreux acheteurs.

En effet un budget de plus de 80000 euros voire 90000 euros pour une voiture bien optionnée, cela commence à devenir vraiment élevé pour une compacte de « seulement » 300 ch. Si les performances sont très honnêtes, elles sont vite dépassées par celles de nombreux modèles électriques tournant autour des 50000 euros, et sans aucun malus ( du moins en ligne droite… ).

Face à la concurrence

Du côté des compactes généralistes, les sportives ont déserté les catalogues des constructeurs. Que ce soit chez Renault, Peugeot, Ford, Opel…Le groupe Volkswagen propose encore des Volkswagen et Cupra sportives avec les Golf GTI et R, Cupra Leon, et Honda avait encore jusqu’à présent sa Civic Type R dans les bacs. Au niveau des compactes premium, ce sont les Mercedes Classe A 35 AMG et Audi S3 Sportback qui seront donc ses principales rivales. La compacte étoilée est vendue à partir de 64150 euros, alors que la S3 est proposée à partir de 63000 euros. Clairement, la M135 xDrive est donc plus abordable.

Même chose pour les montants de malus, puisque la S3 débute à 190 g de Co2, et la A35 AMG à 189 g. Tarif clé en mains, la M135 xDrive est donc imbattable face à ses rivales premium directes.