Essai Hyundai Ioniq 5 Propulsion 77 kWh : peut-elle battre le Model Y ?

Il y a désormais deux ans, Hyundai nous présentait son premier SUV compact électrique de nouvelle génération. Cette nouvelle Hyundai Ioniq 5 s’est tout de suite fait remarquer par son design novateur, inspiré du concept car 45.

Design : une Ioniq 5 étonnante

Les designers Hyundai ont créé un modèle plutôt étonnant et décalé avec cette Ioniq 5. Sur le papier, il s’agit d’un crossover de dimensions assez imposantes. Avec 4,63 m de long, la Ioniq 5 est ainsi presque 10 cm plus longue que le nouveau Peugeot e-3008.

Malgré tout ( et surtout de loin ), sa silhouette donne plutôt l’impression d’avoir affaire à une grosse compacte. A l’avant, le capot vient recouvrir toute la largeur du véhicule. Les ailes avant sont réduites à de petits triangles derrière les passages de roues ! Le bouclier avant met en scène une forme en V, alors que le bandeau central est dévolu au projecteurs et à la calandre fermée. Là encore les designers Hyundai avaient innové avec des éléments à LED sous forme de pixels paramétriques, qu’on retrouve sur les feux arrière.

Le design pixel des feux arrière est une particularité du modèle
Le design pixel des feux arrière est une particularité du modèle

Dès le second niveau de finition, la Ioniq 5 est chaussée en 19″. La présentation profite ici d’une peinture mate Gravity Gold facturée seulement à 900 euros.

Comme sur de nombreux modèles électriques, cette coréenne est dotée de poignées de portes affleurantes rétractables qui s’ouvrent automatiquement. Le profil est aussi marqué par des formes géométriques, comme sur le dernier Tucson. Un langage « Parametric Dynamics » qui est à la fois épuré mais apporte un certain caractère.

La partie design a donc le mérite de se distinguer d’une Tesla, sans pour autant tomber dans un style voulu trop excentrique. Quelques années en arrière, on pouvait reprocher à Hyundai de s’inspirer des constructeurs européens : ce n’est désormais plus le cas.

Le design de la Ioniq 5 la démarque de ses rivales
Le design de la Ioniq 5 la démarque de ses rivales

A vivre : un habitacle moins « excentrique »

L’équipe du design intérieur a bien travaillé, mais le style est dans une autre veine que l’extérieur. On pourrait presque croire qu’il s’agit de deux modèles différents, avec l’absence de référence et de cohérence entre les deux.

La planche de bord présente un bloc comprenant deux écrans, mais dont les dalles sont de même espacées de plusieurs centimètres. Au moins, le passager avant aura bien accès à l’écran central ! Pas de révolution pour l’ergonomie : Hyundai a fait dans le classique, avec des touches à l’ancienne pour la partie climatisation.

La planche de bord est moderne mais assez différente de l'extérieur
La planche de bord est moderne mais assez différente de l’extérieur

Etrangement, être installé côté conducteur ne donne là encore pas l’impression d’être à bord d’un SUV. L’espace ressenti est proche de celui d’une compacte, même si la hauteur est supérieure à celle d’une berline.

Aux places arrière, les passagers ne devraient pas se plaindre avec un bel espace aux jambes. L’empattement qui dépasse les 3 mètres de long permet en effet de proposer une habitabilité intérieure digne de la catégorie supérieure. Avec un plancher plat, même le passager installé au centre n’aura pas trop à se plaindre de son sort !

Les passagers auront aussi droit à des porte-gobelets, un chargeur rapide à induction pour smartphone de 15  W et des ports  USB.

Nous avons affaire ici à la version supérieure de la Ioniq 5, la finition Executive. La dotation est tout simplement pléthorique avec de série : toit vitré panoramique, sièges avant électriques à mémoire, chauffants et ventilés, volant et sièges arrière chauffants, affichage tête haute, régulateur de vitesse adaptatif, caméra 360°, assistance active avec suivi de voie, hayon mains libres, chargeur inversé V2L, chargeur à induction, affichage caméra des angles morts, écran tactile 12,3″, système de navigation Europe…

Les sièges avant disposent de toutes les fonctions possibles
Les sièges avant disposent de toutes les fonctions possibles

Parlons un peu de la qualité de finition : celle-ci fait preuve de sérieux, mais ne donne pas non plus l’impression d’être à bord d’un modèle de plus de 60000 euros. A ce tarif, on navigue dans le premium, avec des détails plus travaillés. Le plastique peint des touches centrales par exemple, n’est pas exceptionnel.

Sous le hayon, la capacité du coffre est annoncée à 531 litres, complété par un petit coffre de 57 litres sous le capot avant. De quoi satisfaire les besoins d’une famille, mais sans atteindre le volume de coffre d’une Tesla Model Y ( 854 litres ). La capacité peut d’ailler varier en fonction de la position de la banquette arrière, qui coulisse électriquement avec des rails de 140 mm.

Cette Ioniq 5 est donc agréable à vivre, en partie grâce à son équipement et à son ambiance claire et zen. Hyundai propose aussi la technologie de charge inversée V2L : la batterie de la voiture peut alors alimenter des appareils électriques lorsque vous êtes à l’arrêt, mais aussi pendant la conduite. Pas de limite avec du 12V : les appareils en 230V peuvent être branchés normalement, comme à la maison…

Les places arrière de la Ioniq 5 sont très accueillantes
Les places arrière de la Ioniq 5 sont très accueillantes

Une Ioniq 5 qui mise sur sa capacité de recharge

Basé sur la plate-forme E-GMP, le SUV Ioniq 5 réserve une belle place à sa batterie avec un empattement de 3 mètres de long. Mais la capacité de celle-ci n’est pourtant pas digne d’un record avec 72,6 kWh. C’est à l’heure actuelle la plus grosse capacité proposée sur ce SUV coréen, qui aura du mal à lutter avec les 98 kWh du e-3008 le mieux doté. En entrée de gamme, la Ioniq 5 descend même à 58 kWh : on est proche du niveau d’une citadine comme la Peugeot e-208.

La Ioniq 5 est comme beaucoup de modèles électriques proposée en deux ou quatre roues motrices, selon le nombre de moteurs présents. Cette version est une propulsion qui affiche déjà 168 kW, soit 229 ch. C’est donc un écart de puissance important avec la version à transmission intégrale, qui grimpe elle à 239 kWh, soit 325 ch.

Les aptitudes routières de cette Ioniq 5 Propulsion sont d'un bon niveau
Les aptitudes routières de cette Ioniq 5 Propulsion sont d’un bon niveau

Pas de quoi se plaindre en vitesse de pointe : celle-ci atteint tout de même les 185 km/h, dont seuls les allemands devraient pouvoir profiter sur autobahn. Le 0 à 100 km/h est donné en 7,3 s : un niveau correct pour ce niveau de puissance, qui n’en fera pas pour autant une sportive. Avec 5,1 s, la version 325 ch fait nettement mieux. Et ne parlons même pas de la Ioniq 5 N avec ses 650 ch….

Sur ce point, Hyundai en propose donc pour tous les goûts.

A conduire, la Ioniq 5 fait preuve d’une grande douceur : comme toute électrique me direz-vous. Elle est parfaitement à l’aise en ville avec sa position de conduite surélevée et ses différentes aides pour le stationnement. Attention en revanche à la largeur : ceux qui disposent de places de parking étroites ou de garages de dimensions modestes auront du mal à manoeuvrer.

Il sera possible de conduite en utilisant la seule pédale d’accélérateur, grâce au freinage régénératif. Une habitude qui peut rapidement être prise, et cantonne la pédale de frein aux urgences.

Sur route, cette version de 229 ch se défend bien et fait preuve d’un bel équilibre au niveau du châssis. Mais ses performances sont en retrait par rapport à un Model Y Propulsion, facturé 45990 euros et éligible au bonus. Et ne parlons même pas du Model Y Dual Motor, qui pour 52990 euros est aussi performant que la version de 325 ch de la Ioniq 5 ! Bien amortie, le SUV Ioniq 5 pourra tout de même vous rappeler son poids proche des 2 tonnes si vous tentez de le brusquer, et notamment sur des routes sinueuses. La belle sera plus à l’aise pour cruiser sur voies rapides et autoroutes…

Avec la surveillance des angles morts, le régulateur adaptatif et le maintien dans la voie, la coréenne vous laissera alors profiter de son habitacle voulu comme un « salon intelligent ». Confort des sièges et insonorisation vous permettront en effet de vous détendre au maximum, tout en restant l’oeil fixé sur le niveau d’autonomie ! Une vigilance de mise lorsqu’on roule en électrique sur autoroute, même si les bornes de recharge rapides constituent désormais un réseau très acceptable ( sur le réseau autoroutier français ).

En usage urbain la consommation reste assez contenue
En usage urbain la consommation reste assez contenue

En matière de recharge, Hyundai est au top avec une recharge multiple ultra-rapide, qui fonctionne en 400V ou 800V. Sur une borne rapide 800V 350 kw, la théorie des chiffres annonce seulement 18 minutes pour recharger la batterie à 80 %. 100 km sont alors récupérés en seulement 5 minutes.

Cette théorie ne sera pas forcément vérifiée sur le terrain : essayez donc les bornes rapides TotalEnergies par exemple, et vous verrez la puissance varier entre 60 kW et 120 kW selon les jours de charge ( et sur le même chargeur ) ! Heureusement sur une borne Ionity lors des recharges sur autoroute, nous avons pu récupérer une charge digne de ce nom avec des temps de charge entre 15 et 30 minutes. Il est de toute manière dans ces conditions pas utile d’aller charger au-delà des 80 %, puisque le temps de charge devient vite interminable pour les derniers 20 %.

Sur autoroute, avec une consommation de 24,8 kWh, il faudra donc prévoir des arrêts toutes les 1h30 à 1h50 environ. Nous avons circulé à la vitesse normale, et non pas à 110 km/h, coincés entre deux camions…

En ville la consommation est plus contenue, puisque nous avons pu descendre à 18,6 kWh.

Homologuée entre 476 et 517 km d’autonomie, cette Ioniq 5 Propulsion avec sa batterie de 77 kWh est celle qui affiche le meilleur score de la gamme. Elle est plus légère que la version à 4 roues motrices, ce qui explique ce résultat. Sur autoroute, l’autonomie est inférieure aux 300 km avec une batterie pleine. Et comme vous repartirez en général de la première recharge avec 80 % maximum ( pour ne pas perdre trop de temps ), la recharge suivante sera plus proche encore.

En ville en revanche, d’après notre conso nous pourrions effectuer plus de 400 km.

La capacité de recharge de la Ioniq 5 est élevée, en 400V et 800V
La capacité de recharge de la Ioniq 5 est élevée, en 400V et 800V

Les prix de la Hyundai Ioniq 5 : des tarifs assez conséquents

Les tarifs de la Hyundai Ioniq 5 débutent actuellement à 52390 euros : elle est donc incompatible avec le malus écologique 2023, sauf promotion de la part de la marque ! Ce qui vient d’ailleurs enfin d’arriver ces dernières semaines. Mais nous ne saurons qu’à partir de mi-décembre si elle peut bénéficier du nouveau bonus 2024, en raison des nouveaux critères environnementaux.

La gamme comporte actuellement trois niveaux de finition : Intuitive, Creative et Executive. Notre version d’essai est donc facturée 60100 euros, sans les options. De quoi définitivement oublier la question du bonus. L’écart de prix est de 4690 euros avec la motorisation 77 HTRAC de 325 ch, qui apportera une meilleure motricité et des performances de sportive.

Même aux places arrière, les sièges sont chauffants
Même aux places arrière, les sièges sont chauffants

Au prix assez proche de la Ioniq 5 Executive 77 Propulsion, Tesla propose son SUV Model Y Performance à 59990 euros, qui passe de 0 à 100 km/h en 3,7 s et atteint les 250 km/h en vitesse de pointe. Une comparaison qui fait mal, et qui se retrouve logiquement dans les chiffres de vente en France ( et dans le monde ).

A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, il en a déjà eu une soixantaine et essayé plusieurs centaines.

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