Confronté à d’importantes difficultés financières, Nissan a annoncé des mesures drastiques visant à réduire ses coûts et adapter sa stratégie face à un environnement de plus en plus concurrentiel. La marque japonaise, qui emploie actuellement environ 130 000 personnes dans le monde, prévoit de supprimer 9000 postes et de diminuer de 20 % sa production. En plus de ces réductions, Nissan repousse le lancement de plusieurs nouveaux modèles et envisage une cession partielle de sa participation dans Mitsubishi, marquant un tournant significatif pour l’un des constructeurs automobiles les plus emblématiques d’Asie.
Une réponse à des pertes financières sévères
Ces décisions font suite à une perte de 9,3 milliards de yens (environ 91 millions d’euros) enregistrée par Nissan au cours du troisième trimestre 2024. Le PDG, Makoto Uchida, a décrit la situation comme une urgence pour l’entreprise, justifiant ainsi une réduction de moitié de son propre salaire ainsi que des baisses de rémunération pour l’ensemble de l’équipe dirigeante. Le constructeur, qui faisait autrefois partie des marques les plus rentables du Japon, se trouve aujourd’hui dans l’obligation de revoir son modèle économique.
Les ventes de Nissan ont également été réévaluées à la baisse, passant de 3,7 à 3,4 millions de véhicules pour 2024, un coup dur pour son plan stratégique « The Arc ». Initialement, ce programme visait une augmentation d’un million de ventes d’ici avril 2027, grâce à l’expansion de sa gamme électrifiée et à l’amélioration des marges de profit de six pour cent. Cependant, face à cette crise, Uchida regrette une révision forcée du plan à peine un an après son lancement.
Des retards dans les modèles électriques et hybrides
L’un des aspects marquants de cette restructuration est le report du lancement de plusieurs nouveaux modèles. Initialement, Nissan avait prévu de commercialiser 30 nouveaux véhicules d’ici 2027, comprenant des modèles électriques, hybrides rechargeables et des versions « e-Power » hybrides. Ces retards représentent un recul significatif pour la marque, qui avait pourtant l’intention de moderniser sa gamme avec des véhicules propres et de rattraper ses concurrents sur le segment des voitures électriques.
À titre d’exemple, Nissan prévoyait de lancer une Micra électrique et un SUV familial trois rangs au-dessus de l’Ariya, prévu pour 2025. Cependant, le développement de ces modèles, ainsi que celui de plusieurs autres, se voit aujourd’hui compromis, laissant les consommateurs dans l’attente de nouveautés promises mais retardées.
Une compétition difficile sur les marchés mondiaux
Les difficultés de Nissan sont en partie exacerbées par une baisse des ventes sur les principaux marchés mondiaux, notamment en Chine et aux États-Unis. En Chine, ses ventes ont chuté de 14,3 % en 2024 après une baisse de 16,1 % en 2023, face à une concurrence locale redoutable, dominée par des marques telles que BYD. Pour se maintenir dans ce marché hypercompétitif, Nissan a intensifié sa collaboration avec Mitsubishi et Honda pour le développement de véhicules électriques et hybrides spécifiquement destinés à la Chine. Lors du Salon de Pékin en avril 2024, Nissan a ainsi dévoilé quatre véhicules « New Energy » exclusivement pour le marché chinois, mais la compétition reste vive avec des acteurs chinois bien implantés et innovants.
Sur le marché américain, Nissan fait également face à des défis majeurs avec une baisse des ventes de 15,5 % en 2024. L’absence de modèles hybrides aux États-Unis limite les possibilités pour Nissan de capter l’intérêt des consommateurs américains, alors que les ventes de voitures hybrides dans ce marché ont augmenté de 28 % en 2024. Bien que les modèles e-Power hybrides de Nissan soient disponibles dans certaines régions, comme l’Australie, leur absence aux États-Unis représente un manque à gagner, surtout face aux incitations fiscales locales qui favorisent l’achat de modèles électrifiés.