Quand les matériaux recyclés s’emparent du marché de l’automobile

Un centre VHU en France

Les voitures deviennent de plus en plus propres. En plus des obligations de réduction drastique des émissions de CO2, les constructeurs doivent aussi faire évoluer leurs pratiques dans la production afin de favoriser le recyclage des voitures. En France, 1 million de voitures sont traitées chaque année dans les centres VHU et les broyeurs agréés. En comparaison 2,4 millions de voitures neuves sont mises sur les routes.

En 2016, le taux de réutilisation et de valorisation était de 94,8 %, selon le Ministère de la transition écologique et solidaire. Il ne s’agit pas d’une initiative française, puisque l’objectif a été fixé par une directive européenne. Mais voyons comme ces changements se traduisent par du concret pour l’automobiliste.

Garagistes : des pièces recyclées mises en avant

Chaque réparation d’une voiture doit dorénavant donner lieu à une proposition de pièces de rechange d’occasion par le garagiste. Entré en vigueur le 1er avril 2019, cet arrêté stipule l’obligation de proposer en alternative à une pièce neuve, une pièce issue de l’économie circulaire ( une pièce reconditionnée ou recyclée ). Cela ne concerne heureusement pas les pièces d’usure comme les freins, pour lesquels une pièce neuve est imposée chez les professionnels pour la sécurité. Ces pièces d’occasion peuvent provenir des équipementiers qui proposent des pièces reconditionnées, ou directement des centres VHU chargés de recycler les véhicules. Mais si le garagiste doit vous proposer deux devis, l’un avec des pièces neuves et l’autre avec des pièces recyclées, vous n’êtes pas obligés de privilégier l’occasion. Attention également, ces pièces d’occasion ne sont pas compatibles avec une voiture encore sous garantie constructeur. Un point important à respecter, mais qui est connu des professionnels.

Jusqu’à présent ces pièces ne représentent que 2 % du marché des pièces détachées, de grosses évolutions sont donc à prévoir !

Cette évolution est notamment prise en compte par les assureurs comme la MAIF, qui vous permettent et vous encouragent à opter pour une réparation avec des pièces recyclées pour éviter le gaspillage. Un point intéressant au moment de réaliser une simulation d’assurance auto. C’est ainsi que l’on assiste de plus en plus souvent à des campagnes mettant en avant des propositions d’assurance auto avec réparation garantie à vie dans le cadre de l’utilisation de pièces recyclées, une initiative louable.

Des pièces visibles dans l’automobile issues du recyclage

En plus du recyclage proprement dit des voitures hors d’usage, la fabrication des voitures neuves se tourne de plus en plus vers les matériaux recyclés. Cette année Audi a mis en avant l’utilisation de bouteilles PET dans la production de sa nouvelle A3. 45 bouteilles en plastique de 1,5 L sont utilisées pour la fabrication d’un siège, une première pour la firme d’Ingolstadt.

Une utilisation assez étonnante de bouteilles en plastique, surtout pour réaliser des pièces aussi visibles qu’une sellerie de voiture ! Pour y parvenir, les bouteilles sont réduites en flocons qui sont lavés, séchés et fondus. Auparavant les bouteilles ont bien entendu été triées par couleur, et séparées de leurs bouchons. Elles vont ensuite être transformées en brins en plastique, hachés en petits morceaux, qui seront ensuite extrudés pour créer des fils de tissage. Voici comment des bouteilles PET sont recyclées en sièges de voitures ! Dans le même esprit, la moquette de l’A3 2020 utilise elle aussi 62 bouteilles recyclées.

Cette tendance est une volonté chez Audi, pour augmenter de façon considérable la part de matériaux recyclées dans la production de voitures neuves dans les prochaines années. Actuellement cela concerne les matériaux isolants, le plancher, ou encore les amortisseurs et les bordures du coffre d’une voiture.

Des bouteilles PET à la sellerie d’une voiture

Audi n’est pas premier dans le domaine : quelques années plus tôt, Ford a également utilisé des agroplastiques pour sa Fusion hybride, mais cette fois-ci pour la mousse des sièges ! Les 40 bouteilles de Coca et les 31250 graines de soja utilisées pourraient permettre d’économiser jusqu’à 6000 barils de pétrole pour l’ensemble de la gamme du constructeur américain. Toujours chez Ford, les bouteilles plastiques de 50 cl servent à produire les tapis de sol de l’Ecosport.

Dans l’automobile, ce mouvement de fond ne devrait pas s’arrêter et devrait plutôt accélérer de plus en plus. « C’est la bonne chose à faire pour l’environnement, pour nos clients et pour nous, même si le pétrole est moins cher », selon Barb Whalen responsable des matériaux chez Ford interrogée par l’AFP. Les matériaux issus des hydrocarbures vont donc progressivement être remplacés par des matériaux recyclés ou naturels.

En France, Faurecia a mis au point un plastique bio-sourcé à base de chanvre. Dans la pratique le polypropylène va être renforcé de fibres de chanvre. Ce système a été utilisé chez Peugeot sur le concept 208 Hybrid Air, puis sur l’actuelle 308. La plasturgie à contenu bio-sourcé sert tout autant à progresser dans l’allègement des matériaux, qu’à proposer des matériaux plus écologiques.

Bilan : des obligations nouvelles et des initiatives

Le secteur de l’automobile devient de plus en plus écologique. Cette décennie devrait faire la part belle aux voitures électrifiées, dont la part de marché ne cesse de progresser. A tel point que sur le premier trimestre 2020, la Renault ZOE se classe dans les 10 meilleures ventes de voitures en France. Rouler en dégageant zéro émission c’est bien, mais ne pas polluer en construisant des voitures devient également une très forte préoccupation des constructeurs. Les usines progressent en réduisant leur empreinte carbone, et la production des voitures neuves intègre de plus en plus de pièces issues du recyclage ou d’origine naturelles. A noter également un changement dans les moeurs : les matériaux d’origine animale plaisent de moins en moins. Tesla a par exemple totalement banni le cuir pour ses selleries, et sera rapidement imité par d’autres marques. Volkswagen a récemment utilisé par exemple de la « peau de pomme » conçue en Italie pour habiller les sièges d’un concept-car. Les innovations vont s’accélérer pour proposer de nouveaux véhicules toujours plus propres, avec l’empreinte carbone la plus faible !

A propos de l'auteur

Sébastien Rabatel

Rédacteur en chef de Actu-Automobile.com depuis 2009, après plusieurs années en tant que journaliste reporter d'images en télévision. Passionné de voitures, il en a déjà eu une soixantaine et essayé plusieurs centaines.

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